“Amerrika” de Cherien Dabis, piqûre de rappel
La Palestine n’existe pas. Et pourtant ses habitants existent et revendiquent une identité. Vivant en territoires occupés ou presque, comme avec la bande de Gaza qui est une grosse blague de territoire libre, ils n’ont d’autre statut que celui d’apatride. Mouna, divorcée et mère d’un ado de 16 ans, en a assez. Assez de ces contrôles interminables, des humiliations de la part des soldats de l’armée israélienne, de la peur, de l’impossibilité d’envisager l’avenir. Alors lorsqu‘elle a la possibilité de quitter son pays en carton pour l’Eldorado américain où vit sa sœur, elle n’hésite pas une seconde.
En quittant géographiquement sa terre natale, elle ne fait que déplacer le problème et se confronte alors aux ignorances des habitants de l’Illinois conservateur en pleine guerre du Golf. Ces nouveaux concitoyens ne distinguent pas les différences entre arabe et musulman, arabe et syrien, ou jordanien, lui imposant des responsabilités qui la dépassent, des méfaits de Sadam à la mort d’un GI.
Voilà la principale raison d’aller voir « Amerrika », pour se rappeler que la situation ne s’est pas améliorée là-bas. Même si la distance nous protège confortablement, ces problèmes dépassent les frontières et doivent nous interroger sur notre propre responsabilité face au conflit israélo-palestinien et plus généralement face à nos réactions parfois allergiques aux différences des autres. Bien que brodés de clichés et de redondances, ce premier film ravira les admirateurs de belles images et offrira une approche allégorique d’un problème majeur de notre époque.
Sortie le 17 juin 2009 avec Nisreen Faour et Hiam Abbass ( « satin rouge »)
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