Alexander Calder au pays des merveilles
L’exposition Calder sur les années parisiennes au Centre Pompidou est un enchantement.
Ce qui frappe à Beaubourg, c’est le public statufié devant les projections. Un parterre de gens rejoue Woodstock, assis, allongé, captivé, voire hypnotisé, par le génie des animations d’Alexander Calder. Son univers est fait en carton, fils de fer, chiffon, petits pains, et bouts de bois. Son univers est surtout organisé par des mécanismes subtiles, une forme de magie, de “truc” d’illusionniste dont on suit le déroulement. L’œil cherche les rouages de ces horlogeries uniques jusqu’à s’en détacher soudainement, car le cerveau ne veut pas rater l’effet produit. En exemple, le diabolique déhanché de Joséphine Baker !
Cette dynamique existe aussi dans ses sculptures statiques. Est-ce le mouvement, les arrondis, les formes alambiquées ? Ses figures et têtes en fil de fer conduisent le regard en apesanteur entre les surfaces tactiles et le vide qui les traverse. L’impression de légèreté est sensible partout. Les sculptures ont trouvé à Beaubourg un emplacement pertinent, une scénographie intelligente qui permet de circuler d’une atmosphère à l’autre, la tête cherchant en bas, en haut, de droite à gauche, plaçant le spectateur dans une position de curiosité, d’émerveillement.
Il ne faudrait pas penser pour autant qu’Alexander Calder s’adresse à des enfants. Si l’exposition est accessible aux moins de 10 ans (pour lesquels, Beaubourg a créé par ailleurs un espace réservé), les années parisiennes annoncent une autre période où l’artiste entre dans l’abstraction. Par le biais de son cirque de marionnettes, (exposé à titre exceptionnel), et de ses mathématiques ludiques, le sculpteur est entré en son temps en contact avec Man Ray, Cocteau, Mondrian, Miro, Leger, Le Corbusier, et d’autres. Il portraiture alors avec talent, soigne les détails qui témoignent d’une mode et d’une époque (Helen Wills, une raquette à la main, un chapeau avec visière, une robe à mi-genoux).
Cette créativité intarissable montre un ancrage dans le temps, mais aussi une lecture d’avant-garde. Les économies ayant évolué, de nos jours, Alexander Calder serait rapidement repéré par un studio d’animation pour réaliser le prochain Wallace et Gromit, ou un autre…, à moins qu’ils reconnaissent en lui l’un de leurs pères.
Erwan Gabory
Ci-dessous, une vidéo très intéressante du maître en pleine création.
Place Georges Pompidou
75004 Paris
Du 18 mars au 20 juillet 2009
11h00 – 21h00
Fermé le mardi
Articles liés
2 thoughts on “Alexander Calder au pays des merveilles”
Commentaire(s)
Publier un commentaire
Votre adresse email ne sera pas publiée.
Publier un commentaire
Votre adresse email ne sera pas publiée.
FRANZ
Encrage, certes, mais ancrage, plutôt !
Erwan
Merci :)