Danse

Edward sort la grosse artillerie au théâtre du Chatelet

16 October 2008 | PAR loic

edouard aux mains d\'argent

Adapter le bijou de Tim Burton en ballet, voilà encore un projet ambitieux pour le chorégraphe Matthew Bourne. La presse a été unanimement séduite par ce spectacle aux nombreux et immenses décors, par la musique de Danny Elfman réarrangée et par la féerie du personnage principal. Edward a sorti la grosse artillerie pour envoûter les spectateurs du Théâtre du Châtelet, quitte à détruire l’histoire originale et ce qu’elle signifiait. Mais où est donc partie la subtile poésie du film ?

Certes, le projet est ambitieux et il faudrait s’y connaître pour le mener à bien. La silhouette d’Edward, qui est obligée de garder les bras écartés pour ne pas se blesser, c’est tout ce qu’il reste du film. Les habitants de la banlieue sont des caricatures grossières, on note l’apparition d’une famille de fervents croyants, les jeunes deviennent des roublards, et la mère de famille n’est plus une ambassadrice en produits de beauté (si bien que sa rencontre avec Edward perd tout son sens)… Edward, lui, reste un grand naïf mais qui prend la grosse tête pendant ses périodes de gloire et se moque ostensiblement de son rival amoureux. Au final, ce personnage-là pourrait très bien s’accoutumer à la société et en profiter allègrement. Tim Burton dessinait un personnage résolument seul et incompris : il n’y en a plus traces ici…

La chorégraphie ne rattrape rien. Matthew Bourne s’inspire délibérément des comédies musicales américaines des années 50. L’idée de faire se côtoyer ce style et l’univers gothique d’Edward n’est pas mauvaise. Mais la chorégraphie reste trop conventionnelle, en utilisant des figures déjà vues et revues. Edward qui sautille autour de ses sculptures de glace, ça n’apporte rien à l’histoire.

De plus, alors que la force du film de Tim Burton est d’épouser parfaitement la structure du quotidien, en y décrivant rigoureusement les évolutions psychologiques, Matthew Bourne s’affranchit de ces difficultés. Il n’y a pas d’évolution des personnages mais simplement des sautes d’humeur (d’un coup, la jeune fille devient amoureuse d’Edward, on ne sait pas pourquoi…) Le déroulement des journées n’est pas du tout respecté : on passe d’une temporalité à une autre et l’intrigue perd toute sa crédibilité.

Ce qui pourrait sauver l’ensemble, ce sont les décors qui se suivent et qui sont tous très impressionnants, et la musique, particulièrement efficace. Mais le but avoué du spectacle est d’éblouir le spectateur, et ce n’est pas la créativité qui remplit ce rôle mais la grosse artillerie (les décors, les effets visuels, la musique, …) Le spectacle s’enlise jusqu’à la fin, où Edward vient saluer le public et déclenche la neige dans la salle (n’est-ce pas mignon ?)

Du 8 oct. au 2 nov., Théâtre du Châtelet, 1, place du Châtelet, 1er, 01-40-28-28-00, www.chatelet-theatre.com. (17,50-92,50 €). Tous les jours 15h et 20h

Et pour écouter Matthew Bourne parlant du spectacle (en VO) :

Voir la critique de Laurent couson.
 

AC / DC : la genèse d’un groupe de légende…
Le Tigre Blanc d’Aravind Adiga, Booker Price 2008
loic

4 thoughts on “Edward sort la grosse artillerie au théâtre du Chatelet”

Commentaire(s)

  • anais

    J’ai adoré ce spectacle, qui est effectivement plus un spectacle qu’un ballet. C’est un monde féerique dans lequel les personnages nous entraînent. Les chorégraphies sont simples, mais dynamiques et superbement interprétées. La musique et les décors vous transportent dans un autre monde.
    Je trouve la critique précédente très “critiquable”! C’est un vraiment bon moment à vivre. A aller voir sans modération!!!

    October 18, 2008 at 0 h 06 min
  • Didu

    C’est mon “Burton” favoris! Je ne suis pas encore allé voir le spectacle mais ça ne serait tarder!
    J’espère juste que, malgré cette critique peu encourageante, je ne serais pas déçue…Je souhaiterais retrouver la poésie du film, de la musique et surtout celle d’Edward, terriblement bien interprété par Johnny Depp dans le film ( normal Johnny c’est johnny :-)Il faut souhaiter que même si c’est un ballet le comédien sera à la hauteur des ciseaux d’Edward!!
    J’attends beaucoup de cette représentation…fera t’elle honneur à Tim Burton ?

    October 18, 2008 at 15 h 01 min
  • cosima

    bonjour a tous,
    j’ai été voir ce magnifique spectacle hier soir… je trouve la critique ci dessus bien sévère! il est vrai que les chorégraphies restent plutot simples, mais ces 2heures nous transportent littéralement dans un univers enchanté, féerique, magique…! une maîtrise parfaite de la comédie et de la poésie…
    Grâce, charme, profondeur… un spectacle extatique.

    November 2, 2008 at 22 h 03 min

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