Cinema

Ciné : Saga Jacques Mesrine, l’Instinct de mort

22 October 2008 | PAR loic

mesrineL’Instinct de mort est la première partie d’un dyptique sur la vie de l’assassin Jacques Mesrine. L’Ennemi public N°1 sortira le 19 novembre. Cette première partie est plutôt prometteuse. Faire un film sur cet assassin à des allures de numéro de prestidigitation : l’enjeu est de dépasser la simple image que l’on se fait de l’ « ennemi public n°1 », sans pour autant le défendre ou le glorifier. Ce premier opus réussit le tour de force.

La première séquence laisse présager le meilleur. On y voit Mesrine et sa compagne s’échapper de chez eux, un montage plein de splitscreens, le tout accompagné par une musique particulièrement efficace. L’Instinct de mort a la chance d’être réalisé par quelqu’un, Jean-François Richet, qui possède un certain savoir-faire se manifestant, non pas dans les cadrages, ni même dans la direction d’acteur, mais dans le rythme impeccable. Il n’y a réellement aucun temps mort dans ce film aux intrigues multiples et complémentaires.
Cette première partie fait l’effort extraordinaire d’immerger le spectateur dans une époque. La reconstitution est parfaite aussi bien au premier qu’à l’arrière-plan. La mise en scène insiste particulièrement sur un certain nombre d’éléments secondaires comme les costumes, les voitures ou la musique. Ainsi, le spectateur peut totalement se projeter dans un univers entre réalité et imaginaire (l’époque est en même temps complètement fantasmée). Qu’on ne s’y trompe pas, L’Instinct de mort n’est pas une chronique mais un film noir. Il n’a pas pour vocation d’expliquer la montée de la violence de Mesrine mais il la montre comme un motif esthétique. L’intrigue est très rapide, et fonctionne parfaitement hormis un seul moment : dans un premier plan, on voit Mesrine qui rencontre une femme brune (Cécile de France, pas très crédible…), ils se draguent et se testent ; le plan d’après, ils sont en train de braquer une banque en n’économisant pas les jurons et les menaces à l’encontre des victimes. À ce moment, le rythme rapide cède à la facilité, quelques précisions sur la montée de la violence chez cette femme inconnue n’aurait pas été du luxe.

Comme il s’agit d’un film noir, la réalisation peut légitimement s’appesantir sur les scènes de violence gratuite et même l’esthétiser. Dans la séquence du bar ou bien celle où Mesrine tue un proxénète trop possessif, la violence est jouissive. Ici, ça passe et on échappe au malsain grâce à l’ambiance « film noir ». Et finalement, Mesrine avance dans un monde assez irréel plein de personnages secondaires qui ne font que passer. C’est particulièrement intéressant de voir Mesrine avancer dans sa destinée et changer à chaque étape de sa vie de décors et d’entourage. Les rôles joués par Gérard Depardieu et Gilles Lellouche, par exemple, sont excellents car ils ne sont qu’éphémères.

Une partie de L’Instinct de mort plonge le spectateur dans l’univers des QHS, centres de détention haute sécurité. Jacques Mesrine luttera pour leur fermeture après avoir dénoncé les conditions de détention inhumaines. Toute cette partie est glaçante et montre avec une grande pertinence le combat d’un assassin pour une cause humanitaire.

Enfin, Jean-François Richet parvient à rendre palpable la tension avant chaque crime. Dès lors, le meurtre et la déviance sont toujours des événements à craindre : c’est cela qui sauve le film de l’immoralité (ce ne sera pas le cas de la seconde partie). Pour conclure, L’Instinct de mort est un projet très efficace auquel on souhaite un succès important. Il serait injuste d’espérer le contraire lorsque le tout est bien emballé.

L’Instinct de mort, réalisé par Jean-François Richet. 1H53
Produit par Thomas Langmann.
Avec Vincent Cassel, Gilles Lellouche, Gérard Depardieu, Ludivine Sagnier, Cécile de France.

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