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Le château de Castelnaud près de 900 ans d’histoire, un musée militaire et des projets ambitieux

Le château de Castelnaud près de 900 ans d’histoire, un musée militaire et des projets ambitieux

31 March 2016 | PAR Sandra Bernard

Situé dans le charmant Périgord noir, le château de Castelnaud (soit le château neuf) fort de ses 900 ans d’histoire, retrouve un visage éclatant grâce aux restaurations menées depuis 1966 par ses propriétaires. Musée et monument historique, il accueille aujourd’hui un nouveau projet d’envergure.

Un monument historique

Abandonné à la révolution, le château dépérit pendant deux siècles. En proie aux ravages du temps et des éléments, il tombe progressivement en ruine. Classé monument historique dès 1966, le château à subi plusieurs campagnes de restaurations. Le donjon a retrouvé sa toiture, en 1997, plusieurs salles ont été reconstruites après études des vestiges, pour les restituer au plus proche de leur état d’origine. Une mini exposition sous les arcades du rez de chaussée montre des photographies de 1966 ou antérieures, et des photographies actuelles prises du même point de vue. La transformation est frappante tant le castel a retrouvé de sa superbe.

Le musée de la guerre au Moyen Âge

Ce qui distingue Castelnaud des autres (nombreux) châteaux des alentours, c’est son rôle de musée de la guerre au moyen âge. En effet, quoi de mieux qu’un château médiéval pour contextualiser les moyens offensifs et défensifs de cette période. Chaque salle du donjon est occupée par une thématique bien précise ; le logis seigneurial, la salle de la maquette (animée par des jeux de lumière) où une voix off explique la reprise de Castelnaud par les troupes françaises dans la dernière partie de la guerre de 100 ans, une salle des maquettes d’engins de guerre (catapulte, trébuché, beffroi, etc.), une autre sur l’armement et les moyens de protection corporelle, une forge (une vidéo présente le travail des armuriers de l’époque), les cuisines, etc. Il est possible de suivre une visite commentée par un guide costumé. Le haut de la tour offre un point de vue exceptionnel sur la vallée de la Dordogne.

Trois engins de jet à l’échelle 1/3 occupent le promontoire face au château. Mis en situation de siège, ils illustrent les progrès des balistes dans le temps, avec l’apparition de contre poids. En été, des démonstrations de tir sont effectuées, ainsi que des démonstrations de travail du métal.

La peinture murale des Neufs Preux

Le nouveau projet du propriétaire, Monsieur Kléber Rossillon, s’ inscrit dans la continuité des grands travaux de restauration du château. Imaginé il y a presque un an, suite à la découverte à Belvès de peintures murales du XVe siècle représentant entre autre les neufs preux, le projet propose de restituer dans le donjon, au premier étage, une fresque des neufs preux inspirée de celles de la fin du moyen âge. Pour mener à bien ce projet, Monsieur Kléber Rossillon a fait appel à Pascal Fournigault artiste et spécialiste de la peinture murale et de sa restauration. Après plusieurs mois de concertation et de préparation, le chantier prend vie. Dans un premier temps, Pascal Fournigault, qui a pour mission de se mettre dans la tête d’un peintre du XVe siècle, fait de nombreuses recherches documentaires et iconographiques. En France, il existe à ce jour seulement trois peintures murales partiellement conservées représentant les neufs preux: Belvès, Angely en Auvergne et Bioul dans le Tarn et Garonne et quelques fresques en Italie.

Les neufs preux

Le sujet des neufs preux n’est pas dû au hasard. La thématique, probablement née au XIe siècle, a connu une grande fortune au moyen âge. Cette représentation des neuf chevaliers idéaux : Les trois antiques (Hector, Alexandre et César), les trois bibliques (Josué, Judas Maccabée et David) et les trois chrétiens (Arthur, Charlemagne et Godefroy de Bouillon) était très prisée de la noblesse, car exaltant ses vertus non seulement guerrières, mais également, dans une certaine mesure, de défense de la chrétienté. Aussi, les neufs preux illustraient de nombreux ouvrages (murs, tentures, vaisselle, livres, etc.). offrant aux chercheurs de nombreuses pistes et références iconographiques.

Mise en oeuvre

Par l’étude d’une riche documentation et ses propres connaissances sur la peinture murale, Pascal Fournigault a conçu un décor peint à sec reprenant une bonne partie des poncifs de la peinture du XVe siècle. Chaque roi est reconnaissable non seulement par ses attributs, parfois son héraldique et surtout par un phylactère où est inscrit son nom. Ils se détachent sur un “brocard” bleu clair et bleu outre-mer qui permet d’unifier la scène et reposent sur de la verdure. Cette méthode est typique de l’époque médiévale. Elle évoque une scène aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. La position des cavaliers et surtout des chevaux n’est pas sans rappeler, entre autres, celles des tableaux de Paolo Uccello. Afin de donner de la profondeur à la pièce, les couleurs du mur du fond et des murs latéraux est inversée. De même, la palette des couleurs, relativement restreinte bien qu’éclatante, se répond d’un mur à l’autre, créant une explosion de couleurs.
Tirant parti de l’architecture de la salle, Pascal Fournigault propose quatre triptyques : Les trois trios de preux ainsi qu’un trio de pommiers. Les chevaliers regardent le spectateur et le surplombent à la fois, leur conférant une monumentalité. La peinture murale se déroule suivant deux axes à partir de l’angle droit de la pièce. Les figures sont “décalquées” sur les murs de même que les motifs avant d’êtres peints à la main. Cette technique très ancienne à l’avantage, par rapport au pochoir, de laisser une vibration du dessin. Les couleurs à base de terres ou d’oxydes métalliques sont délayées à l’eau et fixées à l’aide de protéines de lait sur un enduit clair à base de chaux et de marbre.
La peinture murale, réalisée par trois artistes qui alternent régulièrement, prend vie sous les yeux du public qui est libre de poser ses questions. A terme, cet été, l’oeuvre ainsi créée illustrera une suite complète d’inspiration médiévale sur le thème des Neufs Preux.

Informations pratiques :

Château de Castelnaud, 24250 Castelnaud-la-Chapelle, ouvert tous les jours de 14h à 17h. Téléphone : 05 53 31 30 00

Visuels : © Sandra BERNARD + © Pascal Fournigault (cinq dernières photographies)

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Sandra Bernard
A étudié à l'Université Paris Ouest Nanterre la Défense l'Histoire et l'Histoire de l'Art. Après deux licences dans ces deux disciplines et un master recherche d'histoire médiévale spécialité histoire de l'Art dont le sujet s'intitulait "La représentation du costume dans la peinture française ayant pour sujet le haut Moyen Âge" Sandra a intégré un master professionnel d'histoire de l'Art : Médiation culturelle, Patrimoine et Numérique et terminé un mémoire sur "Les politiques culturelles communales actuelles en Île-de-France pour la mise en valeur du patrimoine bâti historique : le cas des communes de Sucy-en-Brie et de Saint-Denis". Ses centres d'intérêts sont multiples : culture asiatique (sous presque toutes ses formes), Histoire, Histoire de l'Art, l'art en général, les nouveaux médias, l'art des jardins et aussi la mode et la beauté. Contact : sandra[at]toutelaculture.com

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