Mode
Sarah Burton : au nom de Lee

Sarah Burton : au nom de Lee

22 February 2016 | PAR Araso

Sarah Burton a rendu hier à Londres son plus vibrant hommage à Alexander McQueen depuis la disparition tragique de son mentor et ami le 11 Février 2010. Entre imprimés surréalistes et broderies précieuses, ses 42 créations ont fait voler en éclat les codes de la féminité et du BDSM dans une bouleversante ode à la vie. 

[rating=5]

Alexander McQueen: la seule évocation du nom fait trembler la chair. Elle procure la même sensation que la morsure du cuir sur la peau. “Lee” McQueen, c’était tout ça, un écorché vif, une impulsion, une violence, une finesse, une intelligence subtile, une sensibilité aiguë qui l’ont fait s’imposer sans force comme le créateur qui a le mieux parlé de son temps. Chacun de ses défilés performatifs étaient attendus comme la lumière divine et pour cause: ils étaient vivants, ils étaient dérangeants, ils étaient politiques. Lee McQueen a exploré comme personne le côté noir de l’érotisme, a mis en lumière les contraintes de la féminité -à l’instar d’une Rei Kawakubo, et a propulsé sur le devant de la scène fashion les dangers économiques et sociaux de notre époque.

Six ans après sa disparition, que reste-t-il? Hier soir à Londres, tous les regards étaient tournés vers Sarah Burton. La disciple et amie du maître a assumé avec discrétion, humilité et brio la lourde tâche de faire vivre l’héritage du maître. A deux semaines d’accoucher de son troisième enfant, la bonne élève a donné à toute la Fashion Week de Londres un défilé coulant de délicatesse, de justesse et d’acuité dans la pure veine de son mentor. Tous les codes McQueen-esques étaient représentés, doublés d’une vivacité et d’une douceur inédites. Sarah Burton a fait de cette collection Automne-Hiver 2016 un chef d’oeuvre.

Ce catwalk tant attendu s’est déroulé en toute sobriété non pas à Paris, comme la griffe nous y a accoutumés mais à Londres, à titre exceptionnel -retour aux sources oblige. Un podium comme un hommage, peuplé de créatures fantasmées, belles à réveiller l’éther. Des papillons nommés désir se sont posés en gros et en bleu sur des manteaux de soie noir de jais, en fuchsia sur un torse paré de fourrure, en multiples sur des voiles profonds. Ces femmes chrysalides ont lénifié instantanément cuirs et lanières BDSM. Des motifs surréalistes et ce rose Schiaparelli-esque habillaient des silhouettes sobres et hyper féminines. Le smock s’est fait sexy en rose poudré et lacets de velours noir. Les effets de transparence et incrustations de pierre ont façonné des corps ultra désirables. Sarah Burton, émue, avait les larmes aux yeux. Et ce n’était pas la seule.

Visuels  © Evan Schreiber/ Kim WestonArnold

 

L’agenda culture du 22 février
« Le grand vivant », de Patrick Autréaux : une courte respiration poétique
Araso

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration