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Hunt a Killer : traque en 8 épisodes [Jeu de société]

Hunt a Killer : traque en 8 épisodes [Jeu de société]

06 February 2018 | PAR Mathias Daval

Si les Escape Games et les jeux d’énigmes à domicile commencent à devenir très tendance en France, cela fait maintenant deux ou trois ans qu’un concept fait florès aux Etats-Unis : la boîte d’enquête sur abonnement. Toutelaculture a testé la plus populaire d’entre elles, Hunt a Killer.

Le pitch est simple et alléchant : « What if a serial killer delivered a package to your doorstep each month? » Une fois abonné à Hunt a Killer (HAK, créé à l’automne 2016), le joueur reçoit par courrier postal une boîte de grand format A4 contenant une dizaine d’éléments : lettre du tueur, extraits d’enquête, objets insolites (gobelet à médicament, stylo ensanglanté, carte du ciel…) ou pratique (lampe UV, bloc-notes…). A partir de tout cela, il s’agit de reconstituer le scénario et de comprendre la logique qui relie les objets entre eux. On retrouve un mélange d’énigmes classiques, notamment à base de cryptographie, mais aussi des jeux d’associations et d’observation (on conseille de tout regarder plusieurs fois et dans tous les sens !). Certains joueurs seront peut-être rebutés par la nécessité d’effectuer beaucoup d’allers-retours sur Internet, afin de consulter les faux-sites créés par HAK, mais aussi rechercher des informations permettant d’affiner sa réflexion sur les énigmes. Celles-ci sont globalement d’un niveau assez redoutables, et l’utilisation des forums d’entraide prévus pour l’occasion peut s’avérer bien utile.

Chaque scénario se déroule en 8 épisodes (donc 8 boîtes), et si certaines interrogations peuvent être résolues au fur et à mesure, beaucoup demeurent en suspens. A l’issue des 3 premières boîtes que nous avons pu tester, au moins 50 % des énigmes restent en l’air, ce qui pose un problème de fond : il est impossible de savoir, à un moment donné, jusqu’où il est possible d’aller dans ses recherches. Contrairement à un Escape Game classique, dans lequel on est certain que tout peut être résolu dans une même courte unité d’espace-temps, le jeu tend ici à s’effilocher, et c’est plutôt frustrant. A titre d’exemple, on apprend sur le forum officiel qu’une page « secrète » et codée découverte sur le site web du jeu, et sur laquelle on a pu s’arracher les cheveux pendant plusieurs heures, n’aura d’utilité que pour un scénario ultérieur, même pas encore publié…

Bien évidemment, cette immersion radicale, flirtant avec les ARG (alternate reality games), est un point fort pour l’implication du joueur dans l’enquête – qui déborde largement des 60 minutes réglementaires de la plupart des jeux similaires. Mais elle risque tout autant de le décourager avant même d’avoir eu l’occasion de terminer tous les épisodes. Ce système à double tranchant, renforcé par la stratégie marketing assez rentre-dedans de HAK, peut être un frein à l’appréciation d’un jeu qui, par ailleurs, est joliment conçu. Reste le plaisir d’avoir à faire à un produit « artisanal » mais pas cheap, et au storytelling plutôt cohérent. Au final, HAK n’est clairement pas pour tout le monde ; on le recommande aux joueurs chevronnés et prêts à trouver autant de plaisir dans l’enquête elle-même que dans son aboutissement. Mais le chemin n’est-il pas plus important que la destination ?

“Hunt a Killer”
https://www.huntakiller.com/
De 25 à 30 $ / mois.
Pas de limite de joueurs, mais on conseille 2 ou 3.

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Mathias Daval
Journaliste culturel et ludique, membre de la fédération nationale des critiques de la presse française, il est également game designer et éditeur.

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