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TRIP PIANISTIQUE DE THOM LUZ SOUS LSD

TRIP PIANISTIQUE DE THOM LUZ SOUS LSD

21 June 2016 | PAR Nicolas Chaplain

Pour la deuxième édition des Autorentheatertage Berlin, le Deutsches Theater accueille LSD – Mein Sorgenkind, une succession d’heureux hasards mis en scène par Thom Luz, une proposition musicale surprenante créée en octobre 2015 au Théâter Basel où il est artiste associé.

Dans LSD – Mein Sorgenkind, une équipe d’hommes et de femmes vêtus de blouses blanches peuplent un drôle de laboratoire composé d’écrans de télévision, de carcasses de vélos, de plantes en cage, de cartes géographiques… Ils vont et viennent, branchent des câbles, font de la soudure, mangent un bout, bricolent dans un coin et forment ainsi un ballet décalé et comique qui illustre la routine des tâches quotidiennes et répétitives.

Thom Luz prend pour point de départ l’histoire du chimiste Albert Hofmann qui en 1946 découvre et consomme accidentellement une substance hallucinogène. Il vit ainsi le premier trip sous LSD au monde en rentrant chez lui en vélo à travers les rues de Bâle. Thom Luz s’inspire des mémoires du scientifique et utilise les procédés d’un théâtre musical, poétique et mystérieux pour transformer et enchanter l’ordinaire.

Sur les écrans est projeté le parcours du chimiste, interprété par Mario Fuchs, qui revient au laboratoire et livre son expérience à ses collègues. Il décrit des phénomènes optiques singuliers que l’équipe tente de reconstituer avec des gélatines colorées. La scène se transforme alors en un espace mental. Une accumulation de pianos entre en scène, ils deviennent des instruments de retranscription scientifique. Quand les mots ne peuvent transmettre l’indicible, le recours à la musique est inévitable. Les acteurs-pianistes interprètent Mozart et Haydn. Les marteaux des pianos sont peints et chaque note de musique laisse une trace de couleur sur des rouleaux de papier qui s’envolent dans les cintres. Petit à petit, la machine se dérègle et s’emballe, les scientifiques frottent des archers sur les rayons d’une roue de vélo, une cabane en paille happe l’une d’entre eux, le clignotement d’un feu tricolore hypnotise certains… Naissent des moments de chants choraux d’une grande beauté, des chants mexicains, des airs baroques et de la pop.

L’univers hybride du metteur en scène suisse mêle joie et mélancolie. L’expérience de l’étrange permet à chacun de révéler ses traquas. Avec sensibilité et lucidité, la pièce interroge l’origine de la création du monde, la place de l’homme dans la réalité. L’expérience visuelle et auditive que proposent Thom Luz et ses acteurs est étonnante et magique.

Thom Luz a récemment présenté deux beaux spectacles à Nanterre-Amandiers et au Théâtre Vidy-Lausanne : When I die et Unusual weather phenomena projectLa saison prochaine, il montera Inferno et Paradiso d’après Dante au Theater Basel et Der Mensch erscheint im Holozän d’après Max Frisch au Deutsches Theater.

Au Deutsches Theater de Berlin (Allemagne) © Simon Hallström

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Nicolas Chaplain

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