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« Voyage dans les mémoires d’un fou » Lionel Cecilio seul-en-scène au Théâtre Les Déchargeurs

« Voyage dans les mémoires d’un fou » Lionel Cecilio seul-en-scène au Théâtre Les Déchargeurs

24 April 2016 | PAR Gilles Herail

Voyage dans les mémoires d’un fou nous emmène dans un périple intérieur très librement inspiré de Flaubert, qui réunit les univers du théâtre introspectif et du stand-up. Lionel Cécilio nous offre un spectacle étonnant, chronique existentielle aussi drôle que profonde, mélangeant les styles et utilisant à merveille la force des mots. A découvrir au théâtre Les Déchargeurs jusqu’au 30 avril. Notre critique.

[rating=4]

Présentation de la pièce : Un jeune homme vient d’apprendre qu’il était atteint d’une maladie incurable et mortelle. Il décide d’écrire à un lecteur imaginaire pour le faire dépositaire de ses mémoires. En replongeant dans ses souvenirs, il s’offre une seconde vie et renait sous nos yeux.

Voyage dans les mémoires d’un fou est le nom d’un roman méconnu de Flaubert dont Lionel Cecilio s’est librement inspiré pour créer un spectacle à mi-chemin entre théâtre et stand-up. La pièce conserve du livre original une belle idée : le dialogue d’un homme sur le point de mourir qui partage ses mémoires avec un lecteur imaginaire. Le décor minimaliste d’une modeste chambre, son bureau, son lit et sa bougie, devient alors prétexte à des divagations de l’esprit qui revisitent les souvenirs, les réflexions et les leçons d’une vie. Lionel Cecilio dresse le portrait d’un jeune homme en marge, qui questionne, interroge, diffère. Le parcours d’un petit garçon qui conteste les vérités assénées par sa prof, d’un pré-ado qui interroge la religion, d’un biculturel qui négocie sa double identité, d’un jeune adulte qui doit faire face à la mort.

Le voyage proposé est volontairement désarçonnant, jouant sur les ruptures de tons, les alternances de styles et d’ambiance. Passant d’une écriture très littéraire, sombrement existentialiste, à des jeux d’imitation et de caricatures croustillants et bon enfant. Le comédien et auteur, seul-en-scène, multiplie les personnages, joue de son corps et de sa voix pour livrer des interprétations inattendues, de Jeanne d’Arc à Dieu en passant par Einstein. Voyages dans les mémoires d’un fou porte un regard tendre sur les lusitanophones, s’amuse du métissage des langues et des cultures. Partage les interrogations d’une femme sur son couple, ses sentiments, ses choix. Retrace les discussions d’un père et de son fils sur la force d’imagination et la liberté des enfants. Se lance dans une parodie réjouissante de la religion. Et fait le bilan d’une vie face à la mort.

La richesse de l’univers et du texte est servi par une mise-en-scène intelligente qui accompagne les changements de personnage et d’époque alors qu’une musique noire et lancinante nous plonge au début et à la fin dans une intimité plus inquiétante. Voyage dans les mémoires d’un fou aime les mots, la langue et propose un périple intérieur aussi drôle qu’émouvant, toujours surprenant. A découvrir jusqu’au 30 avril au théâtre Les Déchargeurs.

Texte : Lionel Cecilio, Mise en scène : Lionel Cecilio, Comédien(s) :Lionel Cecilio, Musique : Lucien Pesnot, Lumières : Johanna Dilolo, Décors : Jérôme Tomray, Costumes : Flavie Silvestre

Crédit Photo Visuel : Alizée Gau, Niel Bocquet, Céline Pilati

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