Théâtre
Sandy Arzur : “Avec To See Or Not To See, il n’y a plus d’opposition entre le divertissement et l’intellectuel”

Sandy Arzur : “Avec To See Or Not To See, il n’y a plus d’opposition entre le divertissement et l’intellectuel”

02 July 2018 | PAR Solene Paillot

To see or not to see est devenue l’application indispensable pour tous les amoureux du spectacle vivant. Ce nouvel outil crée en 2016 recense et note toutes les représentations du moment et organise à votre place vos sorties culturelles. Entretien avec Sandy Arzur, Directrice Générale de la société “Qu’est-ce qui tourne ?” à l’origine de l’application.

Depuis quand l’application existe t-elle et quel est son but principal ?

L’application a été crée en 2016 dans le cadre du festival OFF d’Avignon. Elle a tout de suite été plongée dans la réalité et l’usage puisqu’il y a eu 4000 utilisateurs dès la première année puis 10 000 l’année suivante. Avignon est un rendez-vous clé pour imaginer et faire évoluer cette plateforme puisque le off est un concentré d’actualité des spectacles, de festivalier et de compagnies. Nous avons pour but de faciliter les recherches de spectacles pour les utilisateurs, nous voulons leur trouver un spectacle qui peut leur convenir dans une offre pléthorique.

D’où est venue l’idée de la créer?

L’application est née de la volonté de deux hommes : Pierre Beffeyte qui, en tant que producteur et diffuseur de spectacle, voulait garder un lien avec le public qui venait à Avignon et de Benoit Justeau un homme de l’univers de la technologie. Ensemble ils ont décidé de créer une application intelligente et utile. Grâce à l’écoute qu’ils ont porté aux utilisateurs, aux compagnies de théâtre et aux producteurs ils ont réussi à faire développer leur projet. Bien sur, les deux créateurs connaissaient déjà le milieu, ils ont su adapter cet outil digital car ce sont des professionnels concernés par le métier.

L’application a t-elle permis d’augmenter la fréquentation des spectacles vivants?

Au lancement en 2016 nous avions testé un classement basé sur les meilleures notes des spectacles, comme déjà pratiqué au cinéma. Nous nous sommes vite rendu compte que c’était assez limité et que ça ne valorisait pas le spectacle qui n’a pas de vérité en soit. Notre objectif à donc vite été de « classer » les spectacles en fonction de l’envie et des émotions des spectateurs. Suite à ce changement il y a eu une réelle augmentation de la fréquentation des salles car une étude réalisée en collaboration avec l’université d’Avignon a démontré qu’un volume de 38% des festivaliers avaient vu au moins un spectacle grâce à l’application. L’offre vient aussi bien des petites compagnies que des grosses productions, tous les spectacles sont traités sur le même pied d’égalité.

À quels critères faut-il répondre pour être référencé ?

Il nous faut des professionnels ! Pour être présentés sur l’application il faut répondre à deux critères c’est-à-dire être soit un producteur ou une compagnie ou un théâtre et avoir envie de mettre en avant sa programmation. Tous les professionnels sont les bienvenus.

Les événements recensés par l’application se situent sur quelle zone géographique ? Il y a t-il un genre unique qui est choisi ?

Au départ l’offre était restreinte à Avignon. Puis, nous l’avons élargi à des festivals comme Arles, Villeneuve en scène… pour arriver à s’étendre sur toute la France. Bien sur pour avoir un intérêt réel il faut avoir une offre de spectacle assez large, l’application est donc un guide utile dans des villes comme Avignon et Paris qui souffrent de pléthore et pour des grandes villes qui ont une offre conséquente. Si toutes les villes ne sont donc pas présentes il y a, en revanche, tous les styles du spectacle vivant c’est-à-dire que l’on mixe le théâtre, la danse, la musique, nous avons une offre transdisciplinaire.

Quels outils avez vous mis en place pour que le public fasse son choix ?

L’application se base sur un concept émotionnel. Pour avoir des suggestions de spectacle, le spectateur va exprimer son avis et ses envies. Avec to see or not to see il n’y a plus d’opposition entre le divertissement et l’intellectuel par exemple. Dix curseurs d’envies/d’émotions sont mis à disposition et peuvent être changés à tout moment. Maintenant, on cherche à travailler les émotions de manière beaucoup plus intelligente et les outils digitaux nous permettent de valoriser le spectacle vivant sans analogie pauvre. Il y a une part rationnelle et émotionnelle dans les critères.

Que présentez vous de nouveau actuellement?

Il y a deux grandes étapes essentielles pour le Off cet été. D’une part, nous allons donner aux compagnies de théâtre les contacts de leurs spectateurs à l’issue du Off. On va rendre visible la data à ceux qui ont permis de la collecter et qui en ont besoin. Dès lors qu’une compagnie aura eu un volume suffisant d’avis sur un spectacle nous lui offrirons une sorte de paquet avec le contact des spectateurs pour qu’elle puisse les remercier et tisser un lien, la cartographie d’émotion exprimée, pour modifier et adapter la vision artistique et, un accès aux commentaires à des fins réutilisables. C’est une bonne façon pour la compagnie de comprendre et d’avancer.  La deuxième nouveauté que l’on lance de façon exploratoire est le billet solidaire. L’idée est de permettre à des utilisateurs de l’application, tirés au sort, d’offrir une place pour un spectacle à quelqu’un du département qui ne peut pas se rendre au off. Entre 120 et 160 places seront offertes par To see or not to see. Pour les diffuser nous sommes en partenariat avec Culture du cœur 84, une association qui permet à tous d’accéder à une offre culturelle.

Des nouveautés pour la prochaine saison ?

Pour la nouvelle saison d’octobre nous allons lancer une plateforme digitale de diffusion que l’on veut innovante baptisée 3P. Elle va mettre en relation trois populations : les producteurs et compagnies, les programmateurs et directeurs de lieux culturels et le public. Les producteurs et compagnies pourront faire connaître leurs spectacles de façon qualitative, les programmateurs auront accès à la pléthore de spectacles et pourront trouver des choses qui correspondent à la stratégie de leur programmation et à la diversité de leur public qui lui est rajouté à la boucle grâce au partage de ses données. Cette plateforme 3P a donc des vocations multiples.

 

 

Crédit photo : ©To see or not to see-2018

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Solene Paillot

One thought on “Sandy Arzur : “Avec To See Or Not To See, il n’y a plus d’opposition entre le divertissement et l’intellectuel””

Commentaire(s)

  • Helene martel lancey

    Super concept car le festival ressemble un peu a la jungle qd on n a que 3 ou4 jours et un hotel a 100 euros la nuit… je serai ravie de relayer l info

    July 19, 2018 at 21 h 50 min

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