Théâtre
Princesse K, petit délire rose bonbon avec du théâtre d’objets dedans

Princesse K, petit délire rose bonbon avec du théâtre d’objets dedans

21 November 2016 | PAR Mathieu Dochtermann

Le Bob Théâtre présente au Mouffetard jusqu’au 27 novembre le spectacle Princesse K, pastiche grinçant et réjouissant de conte de princesse rose bonbon qui, bien entendu, part très, très loin des territoires fréquentés par les productions Disney. Pensé pour réjouir les enfants autant que les adultes, ce seul-en-scène jubilatoire s’appuie un peu sur de la manipulation d’objet, beaucoup sur le génie d’interprétation de bob… accompagné d’une comédienne-interprète L.S.F. pour certaines représentations!

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“Et si on jouait à inventer un conte? Un conte, disons, dont le point de départ serait assez classique, une princesse, un chateau, une famille royale? Et puis, comme élément perturbateur, un frère dérangé, meurtrier psychopathe, qui se rêve en despote tendance junte militaire? Et si la princesse en réchappait? Et si elle rencontrait Maître Koala, le plus grand Maître de Kung-Fu de tous les temps? Et si…? Et si…?”

Cette reconstitution du dialogue intérieur de Denis Athimon (le bob dans “Bob Théâtre”), vise à restituer le plus fidèlement possible l’amorce du processus créatif de l’auteur lors de l’écriture de Princesse K. D’un point de départ très classique, il a su mener la narration par des chemins très inattendus, en puisant ses images généreusement à la source de la culture pop, tout en s’abstenant soigneusement de se prendre au sérieux. Le mélange est détonnant, et pourrait faire penser à un vieux Disney (pour le côté conte) qui aurait été hybridé (lors d’un accouplement qu’on imagine haut en couleurs) avec un théâtre d’objets sous ecstasy. Le résultat est drôle, très drôle, mais, étonnamment, garde largement sa charge symbolique: au milieu des gags qui fusent, des clins d’oeil lancés à tous les azimuts et des personnages improbables (Jean-Loup, si tu m’entends…), l’histoire a une remarquable cohérence, les actions pour être loufoques n’en ont pas moins une logique, et le navire arrive finalement à bon port (la quille en l’air, repeint en jaune avec des points roses, et un bagad au grand complet juché sur le gouvernail et jouant à tue-tête, mais à bon port néanmoins).

Côté technique, on est face à un (pas tout à fait) seul en scène de très haute volée, où le diable Denis Athimon se métamorphose en une galerie de personnages qu’il incarne à tour de rôle en les figurant à l’aide d’un objet qui leur est caractéristique. Si on est parfois dans la manipulation pure (deux objets s’entrechoquent pour figurer un combat), la plupart du temps on est plutôt dans le jeu de comédien accessoirisé, et on ne peut que saluer très bas tout à la fois l’énergie, la folle inventivité et le total investissement de Denis Athimon, qui se déchaîne pendant 50 minutes pour le plus grand plaisir du public, avec un sens du tempo infaillible. Un tour de force comme on en voit peu!

Lors de la représentation à laquelle nous avons assisté, Denis Athimon était accompagné sur scène par Lucie Lataste qui le doublait en langue française des signes (L.S.F.). Il a dû en falloir, du courage, pour s’embarquer dans cette aventure de dingue, aux côtés d’un comédien-manipulateur aussi remuant! Mais par la grâce d’un travail préparatoire suivi, la comédienne s’intègre parfaitement à la scénographie, et ses mimiques, ses allers et venues et sa présence, loin de handicaper le spectacle, lui donnent au contraire une expressivité décuplée.

Pour résumer, une grande tasse de bonne humeur, un bon bain de jouvence anarcho-régressif plein d’imagination et de fantaisie, qui se recommande aussi chaudement aux adultes qu’aux grands enfants (quelle est, au demeurant, la différence?). D’ailleurs, la salle du Mouffetard était avant tout remplie d’adultes le soir où nous avons vu le spectacle, et le public s’est esclaffé à l’unisson du début à la fin des réjouissances, signe assez certain qu’il y a là à manger pour tous les âges…

Princesse K sera au Mouffetard jusqu’au 27 novembre, puis les 29 et 30 au Théâtre du Fil de l’Eau à Pantin (93) (comme Bartleby), et ensuite en tournée à Loiron (53), Ancenis (44), Gorron (53) Caen (14) et Quimper (29).

Texte de Denis Athimon
Mise en scène et interprétation : Denis Athimon
Lumière : Alexandre Musset
Régie lumière et son : Antoine Jamet, Gwendal Malard ou Tugdual Tremel (en alternance)
Interprétation en langue des signes (LSF) : Lucie Lataste

Visuels: (C) Julien Mellano

Infos pratiques

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