Théâtre
Dans les planques d’Anne-Lise Heimburger et Laurent Sauvage au Lucernaire

Dans les planques d’Anne-Lise Heimburger et Laurent Sauvage au Lucernaire

22 February 2018 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Les deux comédiens sont en cavale jusqu’au 31 mars au Paradis, la plus haute et la plus petite salle du Lucernaire. Un road trip sans happy end, planqué au grenier. On adore cette idée !

Seasonal Affective Disorder est une pièce de Lola Molina qui nous raconte le pas de deux sanglant entre Vlad, le cinqua, et Dolly, l’adolescente. Détournement de mineur, crime et fuite sont au programme de ce duo très sombre.

Sur la scène,  un écran où sont projetées les vidéos de Jonathan Michel. Elles sont oniriques. On y devine une rue, une route, de la brume. C’est flou. Tout est flou ici.

Pourquoi ce gars, déjà vieux, s’est-il entiché d’une gonzesse mineure dont le cou est taché de sang ? Elle lui ment, lui raconte qu’elle n’y est pour rien, que sa pote s’est suicidée dans les chiottes. Et lui, il la baise dans un hôtel pourri.

Glauque. Aussi gris que leurs costumes, volontairement négligés.

La mise en scène de Lélio Plotton est ultra efficace. Les deux comédiens sont derrière un micro. Le discours nous arrivent de façon directe, par des dialogues, ou bien de façon indirecte, comme avec une voix off. La pièce est très radiophonique. C’est la voix seule qui nous embarque dans leur évasion. Cela n’est pas étonnant quand on sait que Lélio Plotton et Lola Molina préparent une installation sonore, Épouse-moi/Attache-moi, qui sera “jouée” du 1er août au 30 novembre à l’Abbaye de Noirlac.

Le jeu de Laurent Sauvage, très en colère retenue, le timbre grave, est en opposition avec celui de Anne-Lise Heimburger, tout feu tout flamme, girly et enfantin. Tout cela fonctionne malgré quelques erreurs de rythme et une fin poétique vraiment trop facile. A part ces deux bémols, la pièce vaut par son dépouillement très brut qui n’offre aux comédiens aucune protection. On se prend au jeu de ces Bonnie et Clyde. On retrouve leurs maîtres ici, lui a travaillé avec Nordey dont il a gardé la posture et la rage contrainte, elle avec Jean-François Sivadier, dont les emphases sont plus classiques.

Seasonal affective disorder s’écoute et se regarde de la même façon que l’on dévore un bon polar. Un très bon spectacle.

Visuel © Victor Tonnelli

 

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