Théâtre
“Matthieu(x)” de Caroline Sahuquet

“Matthieu(x)” de Caroline Sahuquet

22 April 2016 | PAR David Rofé-Sarfati

Après une création l’année dernière au Vingtième théâtre, la pièce s’installe pour 26 dates au Ciné XIII théâtre. L’occasion de retourner sur la Butte Montmartre sans attendre une certaine et méritée prolongation.

[rating=3]

La pièce est une suite de trois saynètes. Trois familles et un seul enfant à chaque fois : Matthieu, 18 ans.  Trois vendredi soir différents dans une cuisine autour d’une table, d’une bouteille de vin et d’un réfrigérateur. Les comptes se règlent car Matthieu a atteint sa majorité et avec cette majorité ses parents sont invités à l’heure du bilan où une éventuelle maturité du couple saura peut être faire oublier que chacun sans parler à l’autre mûrissait, vieillissait, changeait dans son coin. Exploration inédite par Caroline Sahuquet d’un thème connu de la vie des familles et des couples, cet enfant est le hors champ du couple en cela qu’il légitime autant qu’il disqualifie l’appariement,

On pense à Saint Matthieu:

Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère (Évangile selon Saint Matthieu, Chapitre 10).

L’enfant est là. Ce qui domine tout au long de la pièce est notre curiosité pour la violence d’un texte qui sans y paraître fouille le désespoir cru et les aveuglements égoïstes. Il y aura toutefois des sauvés dans ces trois histoires sauf notre gêne car la pièce ouvre à des embarrassantes questions et ne nous laisse pas innocents de nos propres vies.

Un escalier pendu symbolise Matthieu dans le hors champ. Le décor affreux est déplacé par les comédiens entre chaque saynète. Objectivement, la scénographie et le décor sont à oublier très vite. Nous aurons cette indulgence aidés par le texte et les promesses tenues par les comédiens. Le passage d’un emploi à l’autre par les comédiens ajoutent à notre plaisir et à notre curiosité. . Bruno Guillot alterne en nous faisant rire le beauf sympathique et l’homo dominant et machiste avec le même talent. Sandie Masson (On se souvient d’elle, anorexique tout en pudeur dans Annabelle M, une histoire sans faim) défend alternativement une bourgeoise désœuvrée puis une femme d’affaires bombasse, avec le même brio.
On aura eu raison de monter sur la butte.

Mise en scène : Caroline Sahuquet

Avec : Pierre Carbonnier, Sanide Masson, Bruno Guillot

Infos pratiques

Association notoire
Lavoir moderne parisien
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