Théâtre
L’Uruguayen, une autobiographie imaginée

L’Uruguayen, une autobiographie imaginée

26 May 2013 | PAR Marie Boëda

L’Uruguayen” est un roman de Copi mis en scène en 2012 par Roberto Platé. Après avoir été produit à Avignon et Buenos Aires, ce texte surréaliste relatant l’exil dans la capitale de l’Uruguay, Montevideo, fête ses 40 ans cette année. Interprété par Claire Ruppli au Théâtre du Petit Hébertot depuis le 23 mai.

“L’Uruguayen” est un texte sans fioriture aux tons cyniques abordant la mort, la religion et le sexe crûment. C’est l’ennui et la solitude qui gouvernent dans un pays étranger où les relations humaines sont difficiles à tisser. Un conseil : laissez-vous porter par l’histoire refusant toute construction logique. Né à Buenos Aires mais élevé principalement à Montevideo, Copi écrit ce roman comme une autobiographie inventée et rêvée. Ce texte sans morale, sans logique, semble avoir été conçu avec la méthode de l’automatisme psychique, chère au surréalisme. Un chien l’accompagne dans son exil, il est, dans un premier temps, son seul compagnon de route. Un pape qui n’en est pas un et un président ambigu croisent également sa route. A travers ces personnages, des allusions à l’homosexualité mais aussi une critique de la religion et de la politique font irruption.

La comédienne Claire Ruppli réalise une belle performance. Maquillée et travestie pour ressembler à Copi, son regard insolent et perçant la rend presque effrayante. Vous rajoutez à cela une bouche s’apparentant au sourire de l’ange, des oreilles difformes et un nez crochu, je vous laisse le soin d’imaginer… Un jeu parfois exagéré et ambigu la rend à la fois déstabilisante et plaisante. Le personnage dérange par son étrangeté et par la légèreté des propos absurdes aux touches pourtant graves. Epatante de présence, la comédienne évolue avec pour seul décor une colonne phallique derrière laquelle le texte est présenté en espagnol. Les pages, projetées au mur, défilent pendant que Claire Ruppli s’accapare du texte en français.

“L’Uruguayen” ne peut qu’encourager la libre interprétation, c’est pourquoi il serait réducteur de le décrire davantage. Roberto Platé qui a bien connu Copi retrace ce texte parsemé de faits absurdes éclairants sur sa révolte. Copi transmet ses rêves enfantins et ses cauchemars enfouis, transposés à la réalité  crue d’un adulte de l’époque.

Visuels (c) : Carole Bellaïche.

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Marie Boëda

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