Théâtre
Lulu rocks au Théâtre de la Ville

Lulu rocks au Théâtre de la Ville

07 November 2011 | PAR Amelie Blaustein Niddam

40 ans de festival d’Automne, 40 ans de Bob Wilson. A grand anniversaire, grand spectacle. Il aura fallut inventer une addition  incroyable : Bob Wilson + Lou Reed + Le Berliner ensemble. Mon tout est égal à choc de Titan.

Sur scène ils seront treize, il finiront autour d’une table d’ailleurs. Encore un symbole chrétien au Théâtre de la Ville ? Qui sait ? Dans la scénographie lumineuse de Wilson, on pourrait être dans l’Au-delà tellement il fait mourir Lulu. Ils sont des pierrots ou des morts-vivants, ils sont des dessins de Burton vivants. Lulu, pièce du tout jeune XXe siècle signée Frank Wedekind devient ici une œuvre plastique, un tableau théâtral.

Le personnage de Lulu ( immense Angela Winkler) est blanc et noir à l’image de son costume immaculé en début de spectacle qui deviendra noir, puis rouge. Wilson ne s’attarde pas tellement sur l’histoire, mettant en avant les moments clés de la vie rocambolesque de cette très jeune marchande de fleurs qui épouse son mentor, avant de le tromper, avant de tomber dans un cercle forcement vicieux de désir et de mort. Elle devra s’enfuir à Paris, puis à Londres  où Jack l’éventreur n’est pas loin.

Dans un bouleversement chronologique, il commence le spectacle par la mort de Lulu,  nous amenant, guidé par le cri, sur la route de la tragédie. Très vite, les situations burlesques s’enchaînent, mention grivoise à une symbolique de l’asperge fort cocasse.  On rit, on doute, on frissonne, on compatit.

La mise en scène phénoménale joue avec les lignes. Ici, les forêts sont en métal, les lustres sont suspendus de façon linéaire à des tiges. Les portes sont fragiles et tout est transparent. Les musiciens placés dans le chœur viennent lier les différentes versions de Lulu, pièce de théâtre  devenue Opéra. Lou Reed s’est allié à Metallica pour écrire un album, Lulu, disponible depuis le 31 octobre. Les chansons parlent de cet appel sexuel qu’est Lulu, malgré elle parfois.

Une pièce pensée comme un concert, l’idée n’est pas révolutionnaire, mais elle est ici appliquée à la perfection. On sort transis de cet amour glacé, ce “iced honey” que tous, morts et vivants chantent ensemble.  Usine à tubes et créateur d’images indélébiles dans nos mémoires, cette Lulu là se révélera sans doute être le clou du quarantième festival d’Automne.

 

 

 

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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