Théâtre
LOVE, LOVE, LOVE  De : Mike Bartlett Mise en scène : Nora Granovsky au Théâtre de Suresnes

LOVE, LOVE, LOVE De : Mike Bartlett Mise en scène : Nora Granovsky au Théâtre de Suresnes

14 November 2017 | PAR David Rofé-Sarfati

La chanson Love Love love des Beatles fut la bande son de la prometteuse génération des années 60. Nora Granovsky amère et clairvoyante tord le coup à toutes les illusions ou les fausses excuses. Etat des lieux magnifiquement réalisé mais sinistre des mêmes cinquante après. 

La question est simple et la réponse terrible. Cinquante ans plus tard, que reste-t-il de la génération baba-cool et de leurs utopies, et notamment, du rêve d’une société plus juste, plus libre et plus fraternelle ? Mike Bartlett, lucide dresse le portrait au vitriol d’une famille britannique en trois dates et en trois tableaux. 1967: Le héros jeune dilettante vole la fiancée de son frère en partageant avec elle quelques joints. Ils ont les mêmes valeurs libertaires et la même envie, du moins déclarée, de changer le monde. Ils tombent amoureux et se marient.1990: le couple embourgeoisé est flanqué de deux enfants; monsieur trompe madame et madame trompe monsieur; débordés par leur travail et l’éducation de leurs enfants, ils se déchirent sur fond d’alcoolisme mondain et d’égoïsme, avant de se séparer. La pensée libertaire a accouché d’un nihilisme égocentrique. 2011: l’économie est devenue incertaine et agressive, cependant que les deux ex-soixante-huitards coulent une retraite dorée. Quant à leurs enfants livrés à eux-mêmes, le fils est devenu neurasthénique et lunaire, leur fille dépressive. Si les parents ont depuis longtemps renoncé à donner un sens à leur vie, leur fille  encore pourchasse quelque chose de l’idéal, elle organise une réunion de famille où elle va réclamer  son dû, elle veut que ses parents lui achètent une maison. La palette des désillusions et des contradictions est peinte avec un humour grinçant.

La scénographie esthétisante et minimaliste est percutante car elle fait la part belle à l’interprétation. Les quatre comédiens sont admirables. Jeanne Lepers, la mère, est absolument merveilleuse. On regrettera toutefois quelques longueurs d’autant que certaines scènes “à la feydeau” auraient exigé un autre rythme. Mais le propos est délicieux de cruauté. Pessimiste, Barlett ne croit ni à la rédemption de la génération des parents ni à un salut qui viendrait de la génération suivante. Le propos est brillant; si drôle le paradoxe de la génération se reniant et accouchant d’une génération pire encore. Aussi, les deux heures seront vite passés à rire et à re-découvrir à rebrousse-poil une terrible réalité.

 

LOVE, LOVE, LOVE

De : Mike Bartlett
Mise en scène : Nora Granovsky
Avec :
Emile Falk – Blin, Jeanne Lepers, Bertrand Poncet et Juliette Savary

Suresnes (92)
samedi 11 novembre 2017 à 18h30 dimanche 12 novembre 2017 à 15h00 Théâtre Jean Vilar
Amiens (80)
jeudi 23 novembre 2017 à 20h30
vendredi 24 novembre 2017 à 20h30
mardi 28 novembre 2017 à 14h15 et 20h30 mercredi 29 novembre 2017 à 19h30 Comédie de Picardie
Bruay-la-Buissière (62)
jeudi 14 décembre 2017 à 14h30
vendredi 15 décembre 2017 à 14h30 et 20h00 Centre culturel de Bruay-la-Buissière
Alès (30)
mardi 6 février 2018 à 20h30
mercredi 7 février 2018 à 20h30
Le Cratère – Scène nationale

Infos pratiques

La Cité internationale universitaire de Paris
Le Trabendo
Burnod-Sylvia

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