Théâtre
<em>L’ombelle du trepassé</em>, la contemplation bretonne de Jean Lambert-Wild et Yann-Fanch Kemener

L’ombelle du trepassé, la contemplation bretonne de Jean Lambert-Wild et Yann-Fanch Kemener

13 October 2011 | PAR Amelie Blaustein Niddam

La Maison de la Poésie accueille un spectacle tel un objet de méditation. L’ombelle, cette plante dont les fleurs sont sur un même plan horizontal, vient rencontrer la mort. Jean Lambert-Wild cherche à nous amener dans l’Au-Delà dans une pièce ardue qui nécessite digestion et réflexion dont on sort abasourdi.

photo (c) Tristan Jeanne-Valles

On entre dans ce spectacle comme dans un lieu saint ancien. Sur scène, il fait noir, un homme solide se dessine, tête baissée. Il est juché en haut d’une colonne métallique et poussiéreuse. La lumière agit comme un halo qui ne nous donne pas accès aux détails ni du décor, ni de Yan-Fanch Kemener. Une voix jaillit en même temps qu’un chant en breton. La première phrase du spectacle ” Un monde meurt et personne ne pleure” donne le fil conducteur. Le texte nous arrive par bribes, difficilement, dans une opacité voulue. Les chants ne sont pas traduits et viennent toucher notre être dans un processus quasi envoutant. Les mots jaillissent par phrase telles des haïkus japonais.

Les phrases sont doubles, elles se suffisent à elles-mêmes et sont aussi la part d’un tout. On peut, si l’on accède au texte disponible aux éditions Les Solitaires Intempestifs, réaliser qu’il peut se lire d’un bout en bout avec une logique de récit. Le sujet est celui d’un monde qui s’est perdu ” Nous acceptons de vivre à crédit de l’injustice et du mépris” entendons-nous dans le deuxième chant. Hors lecture, dans le cadre de l’expérience du spectateur, les mots sont difficiles à entendre car ils arrivent mêlés à la puissance de la voix, à la musique métallique de Patrick Portella et Jean-Luc Therminaria.

Il y a des moments d’ennui dans cette Ombelle, quand lassés de ne pas comprendre ce que Kemener chante on décroche. Mais il y a aussi des instants de grâce, tel ce poème de la fin où l’homme semble être engloutit dans un tourbillon. Ce moment se voulant mystique pêche par trop de distance avec le public devenant une expérience religieuse un peu trop dogmatique dans son propos.

 

Texte du spectacle paru aux éditions Les solitaires intempestifs,oct 2011, 72 p.

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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