Théâtre
Logorrhée lucide et cynique de René Pollesch à la Volksbühne

Logorrhée lucide et cynique de René Pollesch à la Volksbühne

30 June 2016 | PAR Nicolas Chaplain

A la Volksbühne, Keiner findet sich schön, une pièce de René Pollesch explore la souffrance et la solitude de l’homme dans notre société libérale.

Seul en scène, Fabian Hinrichs, hésite entre aller au concert d’Iggy Pop ou rester regarder RoboCop à la télévision. Il imagine toutes les alternatives possibles : rester à la maison, fumer une cigarette, entendre la sonnerie de la porte, l’ouvrir et trouver l’amour de sa vie ou bien s’endormir et ne pas entendre la sonnerie de la porte, faire du sport, aller sur Tinder, se jeter par la fenêtre… Il pèse toutes les conséquences d’une telle décision et se lance dans une longue logorrhée cynique, pessimiste et pourtant drôle, sur la difficulté de vivre et la laideur du monde. Il prête sa voix douce, sa silhouette longiligne et sa tenue dégingandée à cet homme triste d’avoir oublié ce qu’est la beauté et qui ne supporte pas de se voir vieillir. « Je ne suis pas allé au supermarché quand j’ai vu mon visage dans le miroir » dit-il.

C’est bien l’amour et la carence affective qui sont au centre de cette litanie existentielle. Hinrichs crie « Reviens. J’ai besoin de quelqu’un. Un visage. Sans amour, je deviens fou ; je ne peux rien ». Mélancolique et touchant, il se demande dans quelles mesures l’amour est possible dans cette société capitaliste bercée d’illusions et de belles histoires romantiques comme celle de West Side Story.

Cinq danseurs le rejoignent et exécutent une danse sportive et démonstrative sur Maria, le célèbre titre de Bernstein. Le sol est rayé blanc et rouge. Les danseurs portent des tenues kitsch bleues sur lesquels sont imprimées de grandes étoiles blanches formant ainsi le drapeau des Etats-Unis. L’homme caresse un gros ours gonflable sur lequel est écrit No Fear puis chante My Way de Frank Sinatra car seule la musique est consolatrice.

A la Volksbühne de Berlin (Allemagne) le 19 juin 2016 © Leonore Blievernicht

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