Théâtre
L’hotel du libre échange de Feydeau à La Comédie Francaise, une salutaire reprise.

L’hotel du libre échange de Feydeau à La Comédie Francaise, une salutaire reprise.

30 November 2017 | PAR David Rofé-Sarfati

Eric Ruf a demandé à l’actrice et metteuse en scène Isabelle Nanty de s’attaquer à L’Hôtel du libre-échange, de Georges Feydeau. Elle signe une mise en scène très classique cependant sauvée par une euphonie de talents. 

Un Feydeau difficile

L’hôtel du libre-échange dont il est question est sis 220 rue de Provence, un numéro qui n’existe pas dans la réalité d’une rue de Paris pas si longue. Pinglet, Michel Vuillermoz, entrepreneur en bâtiment marié à une femme peu séduisante, Anne Kessler, est épris de l’épouse de son ami et associé, l’architecte Paillardin. Madame Paillardin, Coraly Zahonero, est fatiguée de son mari. Elle accepte un rendez-vous avec Pinglet. Les deux terminent leur soirée dans un hôtel borgne tenu par un Laurent Laffite truculent et chanteur, l’hôtel du libre-échange. Monsieur Paillardin s’y trouvera également, et la bonne de Pinglet et le neveu de Paillardin, et même Mathieu, un ami de province qui bégaye seulement lorsqu’il pleut, descendu à Paris avec ses quatre filles. L’intrigue comique est posée et se déploiera en une séquence haletante de mensonges et de quiproquos.

La puissance comique de Coraly Zahonero.
Ce Feydeau n’est pas le plus drôle ni le plus facile à monter, car il connaît quelques longueurs et ventres mous. Laurent Laffite en Monsieur Loyal remplit en chansons et tout en gouaille les apnées de l’intrigue. À la reprise Coraly Zahonero reprend le rôle de Florence Viala qui proposait une partition tout en profondeur. Christian Hecq est remplacé par Thierry Hancisse qui soutient admirablement la comparaison.

Une pièce de Feydeau représente toujours une terrible épreuve du feu. Sans sous-texte, un Feydeau n’est que prétexte à la gesticulation de personnages gauches, pleutres, minables et veules. Cette gesticulation saisit ou non le public. Si les pièces de Feydeau nous plaisent, c’est lorsqu’elles connaissent deux composantes, le rythme et le pouvoir comique des comédiens, l’une en dette de l’autre. Sans cette combinaison, le public s’ennuie. Les portes doivent claquer au bon moment et chaque comédien doit entrainer le public vers lui. Michel Vuillermoz pourtant de dos, y parvient dès le premier mot. L’arrivée de Coraly Zahonero dans la distribution finit de tricoter l’ouvrage comique et donne à l’ensemble le bon rythme. La comédienne achève la liste des talents après Thierry Hancisse, Anne Kessler, Jérôme Pouly, Michel Vuillermoz et Laurent Laffite ; celle dont on avait repéré la puissance comique dans Un chapeau de paille d’Italie, La Mer de Bond ou dans l’hilarant Les Rustres au côté de Christian Hecq, autorise l’orchestre comique de Feydeau à fonctionner : 2h20 de franche rigolade.

Mise en scène : Isabelle Nanty
Scénographie et costumes : Christian Lacroix
Lumières : Laurent Béal
Arrangements musicaux : Vincent Leterme
Travail chorégraphique : Xavier Legrand
Assistanat à la mise en scène : Stéphanie Leclercq
Assistanat à la scénographie : Philippine Ordinaire

Thierry Hancisse Mathieu
Anne Kessler Angélique, femme de Pinglet
Bruno Raffaelli* Chervet et le Commissaire
Alain Lenglet Ernest
Coraly Zahonero Marcelle, femme de Paillardin
Jérôme Pouly Paillardin
Michel Vuillermoz Pinglet
Bakary Sangaré Boulot
Gilles David Chervet et le Commissaire
Laurent Lafitte Bastien
Claire de La Rüe du Can Violette, fille de Mathieu
Rebecca Marder Violette, fille de Mathieu
Pauline Clément Victoire, femme de chambre de Pinglet
Julien Frison Maxime, neveu de Paillardin

et les comédiens de l’Académie

Juliette Damy, Maïka Louakairim, Aude Rouanet Filles de Mathieu

Matthieu Astre, Robin Goupil, Alexandre Schorderet Commissionnaires

Infos pratiques

Ville de Valence
Le Bellovidère
Christophe Candoni
Christophe est né le 10 mai 1986. Lors de ses études de lettres modernes pendant cinq ans à l’Université d’Amiens, il a validé deux mémoires sur le théâtre de Bernard-Marie Koltès et de Paul Claudel. Actuellement, Christophe Candoni s'apprête à présenter un nouveau master dans les études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle (Paris III). Spectateur enthousiaste, curieux et critique, il s’intéresse particulièrement à la mise en scène contemporaine européenne (Warlikowski, Ostermeier…), au théâtre classique et contemporain, au jeu de l’acteur. Il a fait de la musique (pratique le violon) et du théâtre amateur. Ses goûts le portent vers la littérature, l’opéra, et l’Italie.

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