Théâtre
Le jeu de l’amour et du hasard, version pop-ludique-kitsch au Lucernaire

Le jeu de l’amour et du hasard, version pop-ludique-kitsch au Lucernaire

29 April 2016 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Tu m’aimes pour ce que je suis ou tu m’aimes pour ce que je représente ? En 1730 ou en 2016, par billets ou par WhatsApp, l’affaire est la même. Salomé Villiers l’a bien compris en mettant en scène et en adaptant brillamment le classique de Marivaux.

Depuis le temps que l’on raconte la même histoire on a fini par la savoir par cœur. Mais bon, rappelons les faits : Orgeon (Philippe Perrussel), papa poule de son état, propose à sa fille Sylvia (Salomé Villiers)  Dorante (François Nambot) comme époux.  Elle s’inquiète. Et si il ne lui plaisait pas ? Et de l’autre côté Dorante a la même crainte. Leur vient une idée folle  : échanger les rôles. Sa servante Lisette (Raphaëlle Lemann) va se transformer en maîtresse et Bourguignon (Etienne Launay) va devenir Dorante.  S’aimeront-ils en dehors des conventions ?

Salomé Villiers nous emmène à la campagne. Il y a de la pelouse, des  chaises longues. Il y a des couleurs pop qui rappellent la cafet’ d’Hélène et les garçons, boissons fluo et verres en plastique compris.  La référence au soap culte des années 90’s  c’est pour les histoires d’amour éternellement adolescentes. Pour le reste on est dans le rock. C’est la voix de Bowie qui nous accueille avec “Time”, venant illustrer un clip balancé sur un grand tissu. Là est la force du spectacle, twisté la langue forcement datée de Marivaux par des vidéos extrêmement bien pensées.

Ce qui ne se passe pas sur scène nous est donc montré sur écran. La vraie Lisette tombant raide dingue du vrai bourguignon et batifolant dans la baignoire d’une immense maison, le frère (Bertrand Mounier) de Sylvia jouant les libertins dans une chambre, Orgeon partant à la chasse aux papillons. C’est frais et bien fait. Niveau jeu, les comédiens s’amusent et décalent à souhait. Ils ne prennent jamais au sérieux et balancent des “Le superflus sera mon nécessaire” ou “Puisque les choses prennent ce train là,  je ne veux pas le déranger” avec un aplomb délicieux.

Au-delà de la farce, la metteuse en scène met bien en avant cette idée un peu moins légère : quoi que l’on fasse, sa condition sociale se voit, et l’entre-soi attire l’entre-soi, même avec les Beatles en bande son cela reste une comédie un peu dark.

Visuel :©

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