Théâtre
Le Discours sur le Bonheur au Théâtre de l’Aire Falguière

Le Discours sur le Bonheur au Théâtre de l’Aire Falguière

07 January 2011 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Le chaleureux théâtre de l’Aire Falguière nous fait voyager au 18e siècle avec Le Discours sur le Bonheur, un texte méconnu de la mathématicienne Émilie du Châtelet , compagne de Voltaire pendant 10 ans. Lorsqu’il la quitte elle « vide son cœur » pour se redonner le gout de vivre.

Danièle Israël se mue en Émilie du Châtelet, fardée, perruquée, vêtue d’une robe corsetée, elle navigue entre le public et le petit plateau. Sur scène , une table , quelques friandises à faire passer aux spectateurs, et un dessin de géométrie posé sur un chevalet. Pendant une heure, elle nous livre ce très beau texte dans une mise en scène qui fait le choix du classique sans perdre en modernité.

Comment retrouver le bonheur une fois seule , abandonnée par l’homme que l’on aime? La mathématicienne répond par la logique. Ne désirez que ce qui est accessible afin de pouvoir se satisfaire . La gourmandise , oui, mais suivie de diètes pour éviter surpoids et maladies. En résumé, il s’agit de trouver l’équation idéale entre désir et raison. En mettant en œuvre ces sages principes, le bonheur devrait arriver.

«…Il faut commencer par se bien dire à soi-même et par se bien convaincre que nous n’avons rien à faire dans ce monde qu’à nous y procurer des sensations et des sentiments agréables» Il ne s’agit pas de consommer de la jouissance immédiate mais d’orchestrer tous les plaisirs possibles sous « …l’œil vigilant de la conscience», dit-elle.

Ce qui apparaît dans le jeu de la comédienne c’est l’aspect révolutionnaire de cette intellectuelle . A une époque où les femmes sont cantonnées aux lectures, elle calcule, traduit Newton, suscitant le mépris de ses contemporains puis l’admiration. Libre, elle aime l’amour, la nourriture et la vie qu’elle quitte vite, à 43 ans en donnant naissance à un enfant, entourée de tous ses amants.

A sa mort, Voltaire, désespéré, écrira : « Je n’ai point perdu ma maîtresse j’ai perdu la moitié de moi-même, une âme pour qui la mienne était faite, une amie de vingt ans que j’avais vu naître. »

« Discours sur le Bonheur » D’Emilie du Châtelet Avec : Danièle Israël Mise en scène : Pierre Humbert

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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