Théâtre

Le bestiaire enchanteur de James Thierrée

28 December 2009 | PAR Christophe Candoni

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James Thierrée s’est révélé en 2003 avec son spectacle « La Symphonie du hanneton ». Depuis, le petit-fils de Charlie Chaplin ne finit pas d’enchanter le public et sa dernière création « Raoul » triomphe en ce moment au Théâtre de la ville qui affiche complet jusqu’aux dernières représentations. Sans jamais avoir recours aux mots, cet artiste virtuose développe un imaginaire poétique, puissant, sombre et vertigineux.

De grandes voiles blanches de bateau se lèvent sur le large plateau du Théâtre de la ville et laissent apparaître un personnage étrange, une sorte de réinvention de Robinson Crusoé, un probable rescapé de naufrage qui prend pour radeau une cabane faite de tuyaux en métal, une protection qui finit par plier face à l’extériorité menaçante et se délabrer sous la tempête. Dans sa quête identitaire, il rencontre aussi son mystérieux double : Raoul…C’est la première fois que James Thierrée se produit seul en scène. Sur une bande-son éclectique qui mêle Schubert et les sons troubles de Mathieu Chedid, il danse et se jette au sol avec rage, il escalade le décor, monte sur les perches et les cintres. Seul, dans sa perte des repères, il se débat contre l’immensité…jusqu’à fuir et s’envoler littéralement dans les airs.

Mime, acrobate, comédien et danseur, musicien (il joue du violon), James Thierrée sait utiliser ses multiples talents au service d’un voyage fascinant. On est abasourdi par la rapidité de l’exécution, la beauté et la précision du geste, l’intelligence et l’expressivité du corps. On imagine le travail acharné pour arriver à ce résultat mais on ne voit ici que la fougue rageuse, poétique d’un artiste indomptable et souverain sur le plateau.

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En plus d’être un merveilleux et généreux artiste, James Thierrée est un créateur génial. On note qu’il assure lui-même la mise en scène et la scénographie à la fois spectaculaire et sophistiquée. Cet univers vaste et fantasmagorique renvoie au plaisir enfantin de la fabrication. On croise de drôles de créatures chimériques (créées par sa maman Victoria Chaplin et actionnées par des danseurs et des techniciens) comme un monstre marin, une méduse, un éléphant, des insectes géants…De la même manière, il joue à détourner les objets avec cocasserie. Drôle, inventif, c’est le plus beau spectacle que l’on puisse voir en ce moment sur Paris.

Raoul, du 19 décembre au 5 janvier, au Théâtre de la ville, 2 Place du Châtelet, Paris 4. Location et renseignement : 01 42 74 22 77. www.theatredelaville-paris.com

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Christophe Candoni
Christophe est né le 10 mai 1986. Lors de ses études de lettres modernes pendant cinq ans à l’Université d’Amiens, il a validé deux mémoires sur le théâtre de Bernard-Marie Koltès et de Paul Claudel. Actuellement, Christophe Candoni s'apprête à présenter un nouveau master dans les études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle (Paris III). Spectateur enthousiaste, curieux et critique, il s’intéresse particulièrement à la mise en scène contemporaine européenne (Warlikowski, Ostermeier…), au théâtre classique et contemporain, au jeu de l’acteur. Il a fait de la musique (pratique le violon) et du théâtre amateur. Ses goûts le portent vers la littérature, l’opéra, et l’Italie.

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