Théâtre

Laurent Laffargue réinvente ses 17 ans dans Casteljaloux

06 March 2011 | PAR Christophe Candoni

Il est depuis 2009 l’artiste associé du Théâtre de la Commune à Aubervilliers que dirige Didier Bezace, Laurent Laffargue y présente sa première pièce en tant qu’auteur dramatique, une autofiction nommée Casteljaloux qu’il met aussi en scène. Après une première version donnée la saison dernière sous la forme d’un seul en scène, il réunit aujourd’hui une dizaine de comédiens parmi lesquels de jeunes talents et ses fidèles acteurs et réalise un vrai spectacle de troupe.

Metteur en scène apprécié aussi bien dans Shakespeare que chez Bond, Laurent Laffargue est désormais auteur. Le titre de la pièce renvoie au petit village landais dans lequel il a grandi. A l‘orée de la quarantaine, Laffargue se retourne sur sa jeunesse, ses 15 ans, l’âge de tous les possibles. A travers le personnage principal de sa pièce qui se prénomme Romain, très bien interprété par Oscar Copp, l’auteur rend un hommage ni tendre ni sage à sa terre natale et aux gens qu’il a connus, porte un regard amusé et corrosif sur le passé (les années 80, la nostalgie du disco, des vestes en jean et des coiffures improbables) et ses racines. Parce qu’on est au théâtre, on ne saura finalement pas ce qui appartient vraiment à Laurent mais qu’importe.

La pièce fonctionne comme une chronique tragi-comique qui raconte de manière juste et sensible les aspirations adolescentes, la joyeuse camaraderie mais aussi la vie suffocante et étriquée de la province où tout se dit et se sait, la marginalité et la solitude, l’envie de fuir, le désir de l’ailleurs de Romain qui veut réaliser deux rêves : embrasser Pascaline et entrer au conservatoire. On suit les vies tumultueuses, les parties de hand, les cours de théâtre et les premiers émois sentimentaux de ces jeunes hommes pas mauvais, juste un peu voyous que sont Romain et ses amis Jean-François, jeune homosexuel secrètement amoureux (Sebastien Pouderoux) et Bruno (Julien Barret), dragueur invétéré.

Casteljaloux n’est pas un grand texte. C’est parfois longuet, le trait est épais, mais la mise en scène est habile et plutôt rock’n roll. Le spectacle est drôle, caustique, amère et touchant aussi. Pour camper ces êtres pittoresques et particulièrement hauts en couleurs, sont réunis de bons interprètes pleins de vivacité et d’énergie. Philippe Bérodot, Eric Bougnot et les autres rendent leur personnage aussi vivant qu’attachant au-delà de leur maladresse, de leur méchanceté.

L’Etrange affaire Angélica, ce film de Manoel de Oliveira vous hantera longtemps
Voyage au pays de luigi Nono et somptueux Via Crucis de Liszt sous les doigts de Bruno Mantovani, Brigitte Engerer et Laurence Equilbey
Christophe Candoni
Christophe est né le 10 mai 1986. Lors de ses études de lettres modernes pendant cinq ans à l’Université d’Amiens, il a validé deux mémoires sur le théâtre de Bernard-Marie Koltès et de Paul Claudel. Actuellement, Christophe Candoni s'apprête à présenter un nouveau master dans les études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle (Paris III). Spectateur enthousiaste, curieux et critique, il s’intéresse particulièrement à la mise en scène contemporaine européenne (Warlikowski, Ostermeier…), au théâtre classique et contemporain, au jeu de l’acteur. Il a fait de la musique (pratique le violon) et du théâtre amateur. Ses goûts le portent vers la littérature, l’opéra, et l’Italie.

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration