Théâtre
La société au scalpel de Marielle Pinsard

La société au scalpel de Marielle Pinsard

28 January 2016 | PAR Amelie Blaustein Niddam

En 2014, nous découvrions l’humour féroce de l’auteure et metteuse en scène Suisse Marielle Pinsard. Elle posait la question suivante :  en quoi faisons-nous compagnie avec le Menhir dans les Landes ? Oui. ça donne le tempo de la dame. Pour son retour au Tarmac elle propose deux courts : La loi du plus fort suivi de Les pauvres sont tous les mêmes. Namasté.

[rating=4]

On retrouve celle qui a si peu été montrée en France (deux dates avignonnaises, : un Sujet à vif en 2008 et une Vingt-cinquième heure en 2005, et quinze jours au Tarmac en 2014). Elle se passionne pour le décryptage de nos manies, de nos cynismes et de nos obsessions. Les deux spectacles font absolument sens ensemble. Pour le premier il s’agit sur la forme d’un presque concert de comprendre la folie de Piera Honegger qui avoue être happée par les nouveaux packagings du Monoprix. Oui…( Par exemple, en ce moment, sur le site du Monop on peut lire “à poêle les crêpes, ou pour la Pizza Royale “elle a toujours été à parts”… ). La pauvre Piera ne parvient pas à bosser, ni même à aller à la poste, quoi qu’elle fasse, elle se retrouve au rayon Gourmet, figée devant les visages aux accents colonialistes qui ornent les plaquettes de chocolat.

“Je travaille à Monoprix, vivement aujourd’hui, quand j’aurai fini, de crever d’ennui” lui chante l’amoureux secret transi qu’elle ne voit pas. On rit aux éclats faces aux névroses très urbaines de la dame que la psy cognitiviste tente de soigner par la culture. Pinsard pointe juste les folies générées par notre mode de vie très accès sur la consommation. La fille est une caricature en jean slim et stan aux pieds, et elle assume. Elle se dit anti-swag, chante juste et nous balance sa vie de parisienne désireuse d’être dans le moule, pile dans le moule, que l’on imagine si possible en silicone pour ne pas se brûler les mains, en vente forcément au Monop’. Et pour être dans le ton de l’époque, le spectacle est speed, 30 minutes toutes rondes pour ce quasi seule en scène où la comédienne est accompagnée par Marielle Pinsard en choriste assise et Marcin de Morsier au chant, guitare et machine.

Le temps d’une salutation au soleil et trois connasses qui auraient bien leur place chez Catherine et Liliane vont vomir de la haine en tenue de gym over kitsch et attitude bourgeoise. Elles déblatèrent sur “Les jeunes, les pauvres, tout çà…”

Comme dans la première partie si on peut la nommer ainsi, l’ange est le même : prendre un trait caricatural de nos société et appuyer jusqu’à ce que ça fasse mal. Et là ça fait très mal. Les trois comédiennes formidables campent trois affreuses, sales  et méchantes qui pensent que si les pauvres sont pauvres c’est de leur faute. S’ensuit une analyse que l’on écoute horrifié et amusé sur les méthodes pour améliorer sa manche. Tout est dans la main finalement…

Les deux spectacles réunis nous confrontent tel un uppercut à notre petit quotidien fait de laideurs. Marielle Pinsard décide de ne pas se plaindre et d’en faire une comédie sombre.

Visuel : DR

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