Théâtre
La Pomme dans le noir, sauvée par le jeu

La Pomme dans le noir, sauvée par le jeu

27 September 2017 | PAR Amelie Blaustein Niddam

La MC93 accueille dans sa nouvelle salle, sa black box ulra modulable une pièce singulière qui aurait pu avoir sa place dans des programmations très classique. La pomme dans le noir, d’après Le Bâtisseur de ruines de Clarice Lispector, dans la mise en scène de Marie-Christine Soma, est la preuve que d’époustouflants comédiens peuvent tout. 

[rating=3]

La pomme dans le noir est donc une adaptation, coupée et malaxée, d’après la traduction qu’a faite Violante Do Canto du Bâtisseur de ruines. Nous sommes dans un polar teinté western, en rase campagne. Sur le papier, l’histoire a tout d’un film noir parfait. Martin (Pierre-François Garel)  fuit son crime, dont on ne connait pas la teneur. Il se cache dans la ferme de l’aride Victoria (Dominique Reymond) où s’évapore également Ermelinda (Mélodie Richard) depuis son veuvage. Le vieux Fernando (Carlo Brandt) lui semble flotter là en attendant la mort.

Dans un décor trop figuratif où la terre est présente comme les outils de ferme, le quatuor évolue lentement. N’est pas Lupa qui veut, et la partenaire de Daniel Jeanneteau ne peut pas transformer l’effroyable silence de la campagne en une scène d’un texte de Thomas Bernhard.  Les poncifs sur le bien et le mal et la direction qu’un homme doit donner à sa vie seraient ridicules si ce texte n’était pas joué de la sorte, et si les insertions vidéos ne nous projetaient pas en pleines chevauchées sauvages dans les collines caillouteuses  brésiliennes ( aidées par la musique de Tricky)

La muse d’Edward Bond, Carlo Brandt est là, intact, dans son rôle distant et froid qu’il manie à merveille. Dominique Reymond, immense Dominique Reymond qui fut dirigée par Vitez, donne elle une leçon de théâtre en voix de ventre, violente sans éclater jamais. Mélodie Richard est une parfaite idiote, cruche paumée sans avoir aucun outil pour se construire, et Pierre-François Garel est dément en ingénieur devenu garçon de ferme, l’air au-delà, comme devenu un sage à la rage contenue.

La pièce devient alors une performance très particulière, il faut laisser de côté les mots pour ne regarder que les corps si bien dirigés ici. Oublier  le décor trop pesant pour sentir le temps opérer sur nous. Et là oui, la lenteur fonctionne, nous entrons dans le néant qu’est la vie loin des vivants de la ville. Mais jamais en revanche, la tension de l’histoire ne surgit, il s’agit pourtant d’un homme en fuite, dont la chute ne nous percute pas. Cela n’a aucune importance, ce “pas de quatre” est magistral, il est voir, sans l’entendre.

Informations pratiques

Du 20 sep 2017 au 8 oct 2017, mardi, mercredi, jeudi, vendredi à 20h. Samedi à 18h. Dimanche à 16h. Relâche les lundis 25 septembre et 2 octobre. Durée 2h30
Tarif 9€ à 25€

Visuels :© Raynaud de Lage

Infos pratiques

Théâtre Saint-Léon
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