Théâtre
“La Maison vague”, trop encombrée pour qu’on s’y sente à son aise? [Biennale des Arts de la Marionnette]

“La Maison vague”, trop encombrée pour qu’on s’y sente à son aise? [Biennale des Arts de la Marionnette]

29 May 2017 | PAR Mathieu Dochtermann

La 9ème édition de la Biennale Internationale des Arts de la Marionnette se poursuit. On pouvait y voir le spectacle La maison vague, de la compagnie belge Le Corridor. Un spectacle doux-amer, qui se veut léger comme une ritournelle, sous forme d’un chapelet d’histoires raccrochées à une galerie d’objets plus ou moins inventés, et à de jolis films d’animation. Un petit voyage dans un folklore inventé, à mi-chemin entre le rêve et le réel. Gentiment distrayant, mais la magie n’opère pas, peut-être du fait de la discontinuité de la proposition.

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La Maison vague est une belle proposition, sur le papier: une histoire brodée autour d’un musée des chants de marin, qui se trouverait à Glasgow, offrant le prétexte à une galerie de personnages, à une ribambelle de petites histoires dans l’histoire, autant qu’à une sorte de cabinet des curiosité, sur scène, pour donner à voir en même temps qu’on entend… Proposition poétique s’il en est, qui tient du conte, du chant folklorique, avec quelques manipulations d’objets ensuite repris dans de petits films d’animation à la facture faussement simpliste…

La Maison vague s’illustre par la richesse de ce qu’elle apporte: on y voit un travail soigné, au carrefour de nombreuses disciplines, foisonnant d’inventivité. Le spectacle se veut une invitation au voyage et à la rêverie, dans une histoire habile qui entremêle le vrai et le faux, l’autobiographie (fictionnelle?) et des morceaux de folklore, comme un patchwork où chacun devrait trouver son compte…

Mais, justement, le compte n’y est pas, ou, plus précisément, la somme de ces diverses inspirations, individuellement géniales, manque de tenue, d’un dynamisme propre qui traverserait le spectacle et le tiendrait. Pour réussir une recette aussi compliquée, mêlant autant d’ingrédients, il faut un petit plus de séduction, une cohérence narrative que La Maison vague peine à trouver. Au-delà de la narration, l’atmosphère globale de découverte, de rêverie, le plaisir de collectionneur qui passe d’une pièce à l’autre en savourant le parfum de nostalgie qu’elle amène avec elle, tout cela se délite malgré tout sur la durée. Peut-être que la bascule avec des films d’animation plus longs, qui se multiplient vers la fin du spectacle, dans le noir complet, coupe trop l’élan du spectateur et démobilise son attention au récit?

Une proposition généreuse, fourmillante de bonnes idées, dont on aimerait qu’elle tienne mieux la belle promesse qu’elle nous fait…

Ecriture et scénographie : Patrick Corillon
Composition musicale : Thomas Smetryns
Mise en scène : Patrick Corillon et Dominique Roodthooft
Interprètes : Patrick Corillon, Dominique Roodthooft (version Française), Jeroen Van der Ven (version Néerlandaise)
Harmonium : Fabian Coomans (Live)
Assistants scénographie : Rüdiger Flörke, Lauranne Haugen, Vincent Firket, Ioannis Katikakis
Création et régie lumière : Jojo Bosmans Régie
Son et vidéo : Renaud Minet

Films d’animation
Réalisation : Patrick Corillon
Assistance graphique et animation : Raoul Lhermitte
Montage : Laurence Vaes

Films et disques du Marin Fantôme :
Réalisation : Mathias Ruelle Duduk, Paetzold Bass recorder,
Flûtes à bois : Raphaela Danksagmüller
Baryton : Arnout Lems
Dramaturgie de la musique : Romain Bischoff
Son : Benjamin Dousselaere

Visuels: (C) C. Péan,, K. Van Der Elst

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Mathieu Dochtermann
Passionné de spectacle vivant, sous toutes ses formes, des théâtres de marionnettes en particulier, du cirque et des arts de la rue également, et du théâtre de comédiens encore, malgré tout. Pratique le clown, un peu, le conte, encore plus, le théâtre, toujours, le rire, souvent. Critère central d'un bon spectacle: celui qui émeut, qui touche la chose sensible au fond de la poitrine. Le reste, c'est du bavardage. Facebook: https://www.facebook.com/matdochtermann

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