Théâtre

La belle personne, suite et fin de la trilogie d’Honoré

16 September 2008 | PAR loic
Belle PersonneLa belle personne prolonge et clôt la trilogie de Christophe Honoré sur l’adolescence. Dans Paris avait étonné par l’audace de tourner en hiver et l’influence très marquée de la Nouvelle Vague, Les Chansons d’amour avait ému le public cannois et était un des prétendants sérieux à la Palme d’Or. Qu’en est-il de cette Belle Personne, tourné une fois de plus dans Paris, une fois de plus en hiver, une fois de plus avec Louis Garrel ?Le mérite indéniable de Christophe Honoré est d’avoir su, tout au long de cette trilogie, constituer une famille d’acteurs qui incarnent sa vision de l’adolescence. Romain Duris, Louis Garrel, Clotilde Hesme et aujourd’hui Léa Seydoux ont en commun une certaine manière de jouer dans la nonchalance tragique mais les adolescents qu’ils incarnent sont toujours différents. Ainsi, Christophe Honoré peint l’adolescence et ses variations, il s’efforce d’y souligner la richesse et la beauté. C’est tout à son honneur.

Cependant, au-delà de cette belle ambition qu’il poursuit, il faut bien dire que La belle personne déçoit. D’abord, en matière de réalisme. Louis Garrel est censé être un professeur d’italien alors qu’il est à peine plus âgé que ses élèves. Dès lors, ce qui paraît scandaleux, ce n’est pas qu’il tombe amoureux d’une de ses élèves, mais qu’il continue à exercer son métier comme un charlatan. Ensuite, on peine à saisir ce que veut nous dire Christophe Honoré en adaptant La Princesse de Clèves. Il transpose l’intrigue dans le présent et les personnages deviennent des adolescents en pleine crise existentielle, mais cette transposition se fait comme si de rien n’était, comme si les adolescents d’aujourd’hui et La Princesse de Clèves avaient réellement quelque chose à voir… Ce qui gêne, sans doute, c’est que Christophe Honoré ne mette pas davantage en avant les obstacles de cette adaptation. Le projet d’adapter le roman de Mme de La Fayette est intéressant, soit ; mais faut-il encore en montrer l’utilité.

D’autre part, après trois films dans cette veine, on commence à se lasser de cette nonchalance tragique des acteurs. Elle est certes belle et fascinante, mais on souhaiterait un jour savoir ce qui se cache derrière, ce qu’elle signifie. La première séquence du film montre des visages d’élèves pendant un cours d’anglais comme on les connaît (ennuyeux !). Honoré veut les montrer en train de penser, mais ce n’est pas en filmant des visages vides qu’on plonge dans les idées d’un adolescent. Loin de là. Devant La belle personne encore plus que pour ses deux précédents films, on a la désagréable impression que Christophe Honoré ne comprend pas son sujet – l’adolescence – et qu’il sublime la forme des procédés forts simples (les morceaux magnifiques de Nick Drake et Bach). Au final, tout ça finit par sonner un peu creux. Et c’est là la chose la plus tragique du film…

La belle personne Sortie en salles : 17 septembre.
Réalisation : Christophe Honoré.
Librement adapté de La Princesse de Clèves.
Avec : Louis Garrel, Léa Seydoux.
1h30.

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