“Je dois tout à ma mère”, le roman familial émouvant de Philippe Honoré au Lucernaire

Metteur en scène depuis 30 ans, Philippe Honoré monte sur les planches du Paradis au Lucernaire pour jouer pour la première fois un texte à la fois loufoque et profond qu’il a écrit sur le conflit des rapports mère-fils. Un one man show parfaitement orchestré et qui prend les allures oedipiennes d’un roman policier. 

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La quarantaine défilant, et sa carrière stagnant, François subit avec difficulté les repas dominicaux en banlieue “près d’une forêt” avec une mère veuve, vieillissante mais qui n’a rien perdu de son potentiel de nuisance. Passive-agressive, toujours prête à balancer une remarque désobligeante, voire castratrice, cette maman qui semble dénuée de sentiment se présente toujours comme une martyre sacrifiée sur l’autel de la famille. Tant et si bien que François n’en peut plus et que quand son ami Fred lui parle d’un tueur à gages pour “buter sa mère”, il le prend au mot et rencontre l’énergumène, gare d’Austerlitz.

Jouant mère et fils, à la Gallienne, Philippe Honoré propose un texte fort, qui, sous ses aspects comiques pose une question bouleversante : Peut-on ne rien ressentir le jour où sa mère meurt? Avec une grande élégance et une sensibilité à fleur de peau, il dit et danse cet Oedipe un peu avarié et néanmoins toujours aussi inextricable. Parfaitement découpé par des morceaux adéquats (Piazzola ou Berthe Sylva) le spectacle dure une heure pile et avance comme une intrigue policière sur une mise en scène sobre, inventive et fine, de Edith Vernes. Cette dernière utilise pleinement l’espace et les possibilités sonores de la petite salle en altitude du Lucernaire. Un très joli spectacle qui pose des questions essentielles.

Je dois tout à ma mère de et avec Philippe Honoré, Mise en scène : Edith Vernes, Lumières : Alexandre Dujardin, Création sonore : Jeanne Signé,  durée du spectacle : 1h00.

visuel : (c) affiche du spectacle