Théâtre
Amour, le feel good spectacle de Guillaume Barbot

Amour, le feel good spectacle de Guillaume Barbot

03 November 2017 | PAR Amelie Blaustein Niddam

En pleine morosité automnale, le Théâtre de la Cité Internationale décide de faire “Le grand pari de l’amour”, un diptyque composé d‘Amour de Guillaume Barbot et de Mon amour fou d’Elsa Granat et Roxane Kasperski. Et c’est avec Amour que la prise d’armes contre la mélancolie  commence. 

[rating=3]

Tout commence avec le mot “amour”. Nous sommes accueillis par la fabuleuse Sophie Lenoir qui nous a souvent offert des performances jubilatoires lors des spectacles du Zerep. Elle est assise, jupe fleurie et nous lit un numéro spécial de Courrier International consacré à la façon dont on nomme l’amour dans toutes les langues.  La proposition fonctionne immédiatement. On entend, dans les diversités des langues les multiplicités des sentiments amoureux.

Bientôt, dans un décor qui se découvre, comme un jardin à débroussailler, les comédiens, les danseurs et les musiciens arrivent. Car, il faut peut être l’écrire, le casting de Guillaume Barbot est assez fou :  Sophie Lenoir donc, l’ex punk Zoon Besse, Céline Champinot, Yannik Landrein, le danseur acrobate Johan Bichot et Mariko Aoyama, que l’on a vu si souvent danser chez Pina Bausch, le violoniste Pierre-Marie Braye Weppe et la percussionniste Linda Edsjo.

Il y a ici un évident travail au tableau. La danse, le théâtre et la musique s’entrechoquent pour, au départ, bien montrer, bien dire les impacts amoureux sur le corps. On embrasse son bras, on le mord, on caresse sa main. Les gestes sont ici ultra justes. Du côté des voix, on entend les mots de Charb, de Deleuze, de Gorz…. L’occasion d’entendre que tous ont écrit sur l’amour.

Mais, à ne chercher que le bonheur, Guillaume Barbot tombe dans le piège du mielleux. La pièce évolue comme dans un film léger.  Les discours et les pas semblent vouloir nous entraîner sur la rime amour/toujours. Malheureusement, les histoires d’amour finissent toujours mal : tout le monde meurt. Et cela Guillaume Barbot ne veut pas l’entendre. La Lettre à D d’André Gorz est dite sans ajouter que André et Doreen ont fait le choix de se suicider dans leur maison de campagne, ensemble, à la même seconde. Le rappeler aurait tout changé : ce n’est pas une bluette mais une histoire radicale. Là, on est dans l’amour fou, celui qui clôt Belle du Seigneur, qui bouffe et empêche de respirer. Le problème de l’amour qui va bien, c’est qu’il a besoin d’accidents pour durer. Non, l’amour n’est pas un long fleuve tranquille et la pièce semble vouloir lutter contre ce fait.

Amour est en devenir, le spectacle souffre de trop-pleins mais a en lui des éléments qui peuvent le transformer en un geste singulier. La musique est particulièrement bien placée, la danse de  Johan Bichot est vivante et le jeu de Sophie Lenoir, comme toujours délirant, impressionne.

Là est l’ironie : seul l’amour brisé ferait de grands spectacles ? Guillaume Barbot a raison de vouloir casser la réalité, celle qui fait que les grandes chansons sont celles qui dépriment. Amour  veut être l’anti “Idées noires” de Lavilliers, c’est un bon projet, mais c’est un projet utopique.

Du 2 au 21 novembre au Théâtre de la Cité Internationale, 17 bd Jourdan 75014 Paris
RER B / T3 : Cité universitaire

Visuel : DR

Infos pratiques

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