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Formation collective à la Bastille

Formation collective à la Bastille

05 June 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

« C’est quoi la différence entre une compagnie de théâtre et un collectif ? » Cette question c’est une journaliste de Canal 9 qui la pose en 1994 à Pierre Maillet et Philippe Marteau, jeunes artistes et déjà Lucioles, du nom du collectif qu’ils ont fondé il y a vingt ans, avec d’autres. Ce qui fait la ligne directrice c’est cette idée que le pouvoir se partage et qu’il n’appartient à personne. Le Théâtre de la Bastille a ouvert hier Notre temps collectif, à voir comme on assiste à conférence sur un objet qui a déjà ses archives.

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La soirée s’ouvre sur un spectacle au titre génial : « Et moi je ne veux pas finir comme une putain rangée après avoir mis de côté de quoi suffire à mes vieux jours ». Visuellement, c’est parfait : le plateau est grand ouvert, un grand écran montre des chevaux en liberté, et, à hauteur d’yeux, un bar est suspendu, comme la multitude de robes XVIIIe siècles accrochées au portant.
Pour leur premier spectacle en tant que collectif, les excellentes comédiennes que sont Caroline Breton, Pauline Moulène, Alma Palacios, Georgia Scalliet et Ruth Vega Fernandez ont choisi un texte, disons-le, de femme puisqu’il s’agit d’adapter La Marquise de Sade de Mishima puis Bergman.

Il s’agit de leur premier spectacle en tant que collectif mais toutes ont déjà l’expérience du partage de plateau. Notamment Ruth Vega Fernandez et Alma Palacios, déjà vues dans les créations du TG Stan.

Ensuite, l’affaire est bien trop classique et pardon, déjà vue pour nous séduire. Et pourtant, il n’est question que de cela : du désir que l’absence de Sade provoque sur son amie, sa belle-mère, sa belle-sœur et bien sûr, son officielle. Elles ont beau tenter de mettre la distance nécessaire à la lecture d’un texte très daté cela ne décolle pas. Pourtant, elles jouent avec brio et la scénographie fonctionne à merveille. Sans Sade, on s’ennuie dans le gynécée. Rien à faire.

Vingt ans d’amour-Le Théâtre des Lucioles

Le théâtre des Lucioles a 20 ans et il est toujours débout. Cela valait bien une fête entre potes dans la maison mère. Car pour Marcial Di Fonzo Bo, David Jeanne-Comello, Frédérique Loliée, Pierre Maillet, Philippe Marteau, Valérie Schwarcz, Elise Vigier la Bastille c’est le lieu de la Révolution. Certains se souviendront comment ils n’ont pas pu jouer, virer par une menace d’attentat “Les Ordures, La ville et la mort” de Fassbinder, qui reste un texte jamais monté en France. Ils se sont rencontrés à l’école du Théâtre National de Bretagne et encore aujourd’hui leur “compagnie” y est basée.

En monsieur loyal, le journaliste bien connu des fidèles du Festival d’Avignon, Jean François Perrier. Qui mieux que ce dandy au nœud Pap pour jouer les chefs d’orchestre ? Le spectacle n’en est pas un. Il s’agit d’un Cabaret en hommage au spectacle éponyme monté en 1996.

Alors on reverra des extraits de spectacles, on écoutera Leslie Kaplan et on adorera voir Elise Vigier et Frédérique Loliée nous offrir un extrait de Louise elle est folle (et sa réplique culte : “Dieu adore les capuches, regarde les moines»).

L’affaire se voit comme une archive vivante très émotionnelle. Normal, c’est une fête entre amis qui ont traversé amours et orages. C’est une vraie fête d’anniversaire, avec le groupe Coming Soon qui fera même quelques reprises.

L’occasion de comprendre comment un collectif peut tenir sans effacer les égos, tout en laissant à chacun l’espace pour être celui qu’il désire sur chaque spectacle.

Il est temps de les laisser, car les observer devient à un moment gênant. Laissons les fêter dignement leurs vingt ans.

Notre Temps collectif se poursuit jusqu’au 7 juin, avec notamment ce soir l’excellent Tout ce qui nous reste de la révolution c’est Simon. 

Visuel : La tour de la Défense-Théâtre des Lucioles. ©Christian Berthelot

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