Festival NEXT : suite et fin
Pour clore les quinze jours dédiés à la création scénique, c’est à La rose des vents que le festival NEXT nous donne rendez-vous. Au programme, une première, avec le spectacle Héroïne de Karelle Prugnaud, sur des textes d’Eugène Durif. Une création de Mikaël Serre, L’Impasse : I am what I am. Enfin, un chœur de femmes polonais, dirigé par Marta Górnicka, interprétant un Magnificat des temps modernes.
Héroïne
Avec la compagnie L’Envers du décor, Karelle Prugnaud met en scène un texte d’Eugène Durif qui parle de l’addiction, à la drogue ou à l’amour. L’utilisation de l’espace scénique est particulièrement intéressante : sur un plateau débarrassé des gradins, une sorte de cage ronde à deux niveaux, traversée en son milieu par un poteau de pole dance se dresse fièrement, lieu de débauche et de provocation. Autour de cette cage, des chaises en plastique sont disposées en rond pour les spectateurs. Vidéos qui révèlent l’intimité des corps, mise en scène du désir et de la séduction, réflexion sur le voyeurisme… cette performance cherche à être beaucoup de choses, mais le discours semble se perdre dans la provocation qui ne présente rien de vraiment nouveau, si bien qu’elle tombe à côté.
L’impasse : I am what I am
Pour continuer la soirée, rendez-vous dans la petite salle de La rose des vents, où se joue le spectacle de Mikaël Serre. Seule en scène, Marijke Pinoy interprète une femme solitaire, perdue entre la table de sa cuisine, ses toilettes et sa petite routine désespérante, et qui mène une de ces vies par procuration que chantait Jean-Jacques Goldman. Hors plateau, deux hommes manipulent des écrans et des caméras, projetant le visage de la femme un peu partout, ainsi que des vidéos. Loin d’être séparés par un mur virtuel, la femme et les deux hommes ont conscience de la présence de l’autre, interagissent entre eux parfois. Sur le mode de la dénonciation des travers de la société actuelle, le propos de Mikaël Serre, s’inspirant de la banalité du quotidien face aux horreurs du monde extérieur, ne fait pas mouche : c’est une impression de déjà vu, de déjà entendu qui nous traverse en regardant ce spectacle. Reste que le jeu de Pinoy, tout en gestes et en expressions faciales, demeure très touchant, alors qu’elle incarne le visage le plus dur du désespoir et de l’impuissance.
Magnificat
Le festival se clôt le lendemain avec les Polonaises du Chór Kobiet, dirigé par Marta Górnicka, qui interprètent leur propre version du Magnificat. Entre chuchotements et grognements, chants et parlers, ces femmes de tous âges, de toutes origines, de toutes tailles et de tous visages, donnent leurs tripes pour dénoncer le statut de la femme dans la Pologne moderne, à l’heure où la religion est encore profondément ancrée dans les mentalités. Avec une grande précision, sous la direction maîtrisée de Marta Górnicka, debout au milieu du public, ce Magnificat se déroule avec brio, alternant rires et émotion. Une bien belle façon de dire au revoir à Next – et surtout, à l’année prochaine !
Crédits :
Photo L’Impasse : I am what I am : © Mikaël Serre
Photo Magnificat : © Krysiek Krzysztofiak