Théâtre
[Festival d’Automne] Il cielo non è fondale : Daria Deflorian et Antonio Tagliarini confrontés au vide

[Festival d’Automne] Il cielo non è fondale : Daria Deflorian et Antonio Tagliarini confrontés au vide

14 December 2016 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Le festival d’Automne invite à l’Odéon-Ateliers Berthier un diptyque du duo italien composé de Daria Deflorian et Antonio Tagliarini. Il cielo non è un fondale fait suite à Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni.

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Tout est question de mise en scène. Occuper un plateau est un art que Deflorian et Tagliarini ont. Mais savoir en appréhender les dimensions est un autre challenge. Perdus dans l’immensité de Berthier,  Monica Demuru, Daria Deflorian, Francesco Alberici et Antonio Tagliarini vont raconter des bribes de vie en enchaînant les saynètes justes reliées par le fil de l’expérience de chacun.

Antonio rêve qu’il devient chauve et qu’il manque d’empathie face aux femmes qui dorment dans la rue. Daria elle se demande ce qu’elle devient à 40 ans, Francesco est dépassé par la ville, Monica elle chante, partout, y compris aux caisses du supermarché.

Dans l’interview que les deux metteurs en scène et comédiens ont donnée à Chiara Pirri pour le festival Romaeuropa, ils posent cette question : “Quand nous sommes à la maison, que pensons-nous de l’homme dehors sous la pluie?”

En tentant de toucher à l’existentiel, le quatuor fait l’inverse. La succession de monologues, faits de récits simples ne permet pas de répondre à la question beaucoup trop innocente. Est-ce que le théâtre peut arrêter la misère du monde ? La violence ? On sait que non. On ajoutera malheureusement,  en rappelant que Göering était un homme très cultivé. Le théâtre ne permet ni l’empathie ni la paix. Il donne des chocs visuels,émotionnels. Parfois, il permet d’en apprendre plus sur l’histoire et nous permet de communier dans le désespoir. D’autres fois le rire ou la beauté nous sauvent justement du désespoir le temps d’une pièce.

Ici, on regarde froidement ce ballet de mots que les radiateurs ne réchaufferont pas. Le ciel n’est pas une toile de fond, cette phrase de Carla Benedetti qui donne son titre au spectacle aurait dû être perçue comme un appel à s’ancrer dans la réalité, celle que l’on peut toucher en comprenant, comme le dit la chanson que Monica Demuru chante que plus ça avance, plus on comprend que l’on ne comprend rien.

En mêlant toute la misère du monde dans un dégradé de gris et en utilisant la fusion entre la réalité et la fiction (les comédiens gardent leurs prénoms), ce qui aurait dû toucher énerve juste. On ne croit pas un instant à leurs récits qui semblent faux, peut-être parce qu’ils les portent avec un trait d’humour ici mal placé.

Ce spectacle se noie dans l’empathie et la compassion au lieu de regarder le monde avec la bonne distance, celle qui permet justement de se confronter à nos impossibilités.

Visuel : ©Elisabeth Carecchio

 

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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