Théâtre
Emma Dante retourne au Théâtre du Rond Point avec sa « Trilogie des lunettes » : Succès

Emma Dante retourne au Théâtre du Rond Point avec sa « Trilogie des lunettes » : Succès

07 February 2012 | PAR Sara Anedda

« Acquasanta », « Il castello di Zisa » et « Ballarini » composent la “Trilogia degli occhiali”, trois pièces courtes autonomes et dont les contenus et les thèmes sont liés : la pauvreté, la maladie et la vieillesse ; des sujets chers au répertoire de la metteuse en scène italienne. Trois morceaux de vie de différents personnages, qui portent tous des lunettes.

Dans le premier spectacle, un homme est seul en scène, en tenue de marin, à la proue d’un bateau esquissé : c’est o’Spicchiato, qui depuis ses quinze ans n’est jamais descendu du navire et n’a pas quitté l’équipage qu’il a rejoint. Victime de toutes sortes d’insultes et d’abus de la part de la chiourme dont il est la « mascotte » (à ce propos, c’est le même acteur – Carmine Maringola – qui incarne tous les rôles, chapeau bas…), il ne perd pas pour autant sa naïveté désarmante, tout en déclarant à grande voix son amour passionné vers la mer… Pour lui la terre ferme est une illusion. Mais cette mer, lui, l’a perdue, car son équipage l’a abandonné en terre étrangère.

La seconde pièce narre l’histoire de Nicola, interné dans un hôpital psychiatrique depuis son enfance, complètement inerte, et assisté par deux sœurs-infirmières facétieuses qui tentent en vain de le faire réagir par toutes sortes de stimuli. A force d’essayer, son esprit et son corps se réveilleront effectivement, à un certain moment… mais cet élan très excité durera seulement quelques minutes, avant qu’il ne retombe dans le coma profond.

Enfin, dans « Ballarini », un couple de vieillards décrépits, fêtant ce qui sera leur dernière Saint-Sylvestre  passée ensemble, danse à rebours les étapes de leur histoire d’amour.

Le théâtre d’Emma Dante est extraordinairement intense. C’est un théâtre des états d’âmes, des sentiments forts, de l’aliénation et de la mélancolie ; un théâtre de l’amour et du regret de ce que l’on aurait perdu à jamais : la mer, la liberté, la jeunesse…
La musique est très pittoresque et caractérisée, bien que la mise en scène reste assez épurée et abstraite. Un minimum d’accessoires suffit à évoquer des atmosphères. Ce sont surtout les effets sonores ainsi que l’étonnant jeu des acteurs qui suscite une forte empathie. Une poésie amère se dégage de ces histoires, et remplit le spectateur d’un mélange d’émotions frappant.

Après ce spectacle splendide, on attend avec impatience La Muette de Portici, qu’ Emma Dante mettra en scène en avril 2012 à l’Opéra Comique.

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Sara Anedda

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