Théâtre
« El Tigre » d’Alfredo Arias entre dans la cage aux folles

« El Tigre » d’Alfredo Arias entre dans la cage aux folles

19 December 2013 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Bof bof… Jouons cartes sur table : le dernier spectacle de l’immense Alfredo Arias n’est pas à conseiller, malgré quelques bonnes idées.

[rating=2]

El Tigre, c’est un conte de Noël, comme vient nous le raconter en personne le metteur en scène argentin. Et cela part bien quand le rideau rouge s’écarte. Dans un décor plus laid que beau, fait d’un large cadre contenant la vue en maquette sur un marais, nous voyons jaillir une Blanche-Neige très queer “fatafatale” dans la maison de Holy (Carlos Casella), travelo très chic. La maison en question est située à El Tigre, bourgade bien paumée. Pour animer ses soirées, Holy demande à son homme de maison de devenir Dark, une servante bien en chair. Ensemble, ils réinterprètent façon music-hall les “chefs-d’œuvres” du cinéma hollywoodien.

Mais c’est sans compter sur les apparitions de fantômes et d’extra-terrestres. Rien ne se passe comme prévu. La vraie Lana Turner est campée par Arielle Dombasle, plus juste que jamais en diva revenue d’entre les morts. Fourreau au-delà du moulant, chevelure blonde-Barbie, et bouche en cœur. Elle incarne parfaitement la star du Facteur sonne toujours deux fois. Lana est seule, mariée sept fois, maman d’une seule fille aujourd’hui droguée à la chirurgie esthétique.  Elle monte dans les hauteurs pour chanter avec tendresse la chanson de Lana : “quoi de plus touchant de remonter le temps, vous m’avez par amour arrachée à ma vie”.

Ce petit monde va évoluer dans un esprit de comédie musicale. Le quatuor à cordes présent dans la fosse d’orchestre balance des tangos qui seront supports à des chants aux paroles vaudevillesques, parfois drôles (“Le mâle est malvenu”), mais malheureusement parfois vulgaires.

Arias cherche à signer ici un vrai vaudeville, et c’est bien là que le bas (même pas résille) blesse. À forcer le trait de ces travestis, il découpe des personnages dignes de La cage aux folles, forts en aigus. Cela est démodé, même pas vintage. Trop, cela est trop. Les caricatures débordent et les blagues potaches aux jeux de mots faciles (les gay sont pas gais) lassent terriblement.

Pourtant, dans cette comédie, on rit parfois devant le jeu extrêmement juste et enlevé de Denis D’Arcangelo, qui, en Lana Turner boudinée, porte le pull angora rose mieux que personne.

Il serait fou de jeter Arias avec l’eau des travestissements. S’il n’est pas tombé juste dans cet El Tigre plus laid que beau, il a derrière lui une époustouflante carrière. Récemment encore, en 2012, au Petit Montparnasse, son Buenos Arias offrait deux spectacles riches, kitschs, généreux et drôles.


Je suis Lana Turner / El Tigre par WebTV_du_Rond-Point

Visuel : © Stéphane Trapier

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One thought on “« El Tigre » d’Alfredo Arias entre dans la cage aux folles”

Commentaire(s)

  • Monique Siac

    Je suis une grande admiratrice d’Arias, mais je suis sortie consternée après m’être ennuyée copieusement.Je suis d’accord avec Raymond Cazes: tout est mauvais et pardessus tout la musique et les chansons aux paroles d’une pauvreté incroyable.
    Où est passé le magicien qui nous enchantait avec “L’étoile du Nord”, “L’oiseau bleu”, “Famille d’artistes”, “Les peines de coeur d’une chatte anglaise”, “Conchita Bonita”, etc etc… ?

    December 22, 2013 at 17 h 23 min

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