Théâtre
Du studio radio au “strip texte” sur scène

Du studio radio au “strip texte” sur scène

11 February 2012 | PAR Clementine Athanasiadis

Flor et Léonore, maniaques du texte et reines de la prose, offrent un spectacle subtil et lucide sur les mots oubliés de l’encyclopédie. Le rendez-vous très galant est pris avec les mots, sans plus attendre.

Tous les week-ends, durant trois étés consécutifs, la brune Léonore Chaix et la blonde Flor Lurienne, ont enjôlé les auditeurs de France Inter. Les deux chroniqueuses dépouillent brillament le dictionnaire de ses mots. Ceux que l’on n’utilise plus, ceux que l’on n’entend plus, ceux qu’on ne connaît pas ou pire encore, ceux que l’on malmène. Quand l’une personnifie le vocable, l’autre prend la place de l’intervieweur pour passer au crible le lexique de la langue française. Le but? La déshabiller…

Pour leur spectacle Deshabillez mots, les journalistes se rhabillent de leur concept. La scène a remplacé les micros et les mots habillent élégamment les planches dénuées de décor. Seuls deux panneaux miroirs mobiles sont ajustés au fil des mots. Les invités ont pour devoir de se mettre à nu, de dévoiler au grand public des facettes méconnues de leur être,  de plaider leur cause et de se révéler intégralement, comme passés au rayon X. Avec une plume tranchante et audacieuse, Flor et Léonore nous invitent avec intelligence à revoir notre lexique. Mais attention, elles le font pour le bien de l’humanité, car les mots craignent leur disparition et se vexent facilement. Prenez « l’ennuyant » et « l’ennuyeux », ennuyés d’être confondus en permanence, ou la « pusillanimité » qui se plaint de s’être fait si facilement remplacée par le « peureux » ou le « lâche ». D’autres comme la « légèreté » , refusent d’être pris pour la « futilité », « l’attente » s’explique sur son comportement et la «paresse», étalée de son long se fatigue dès la première prononciation. La ponctuation, elle, n’est pas en reste. Les « trois points de suspension », séduisants à souhait, se baladent au fil des lignes,  justifient leur présence dans le texte par de délicats entre-chats.

En plus de proposer un tête à tête  ludique et amusant avec les mots, Flor et Léonore offrent une véritable représentation scénique pleine de vivacité. Chaque explication de texte est entrecoupée d’une mise en scène gracieuse, et la chaleur de leur performance effeuille les deux journalistes au fil du spectacle. Les feuilles sont d’ailleurs usées à bon escient: entrecouper des explications farfelues par des baisers laissés au rouge à lèvres. Les spectateurs rient de bon cœur face à ce strip texte pertinent, et ne peuvent s’empêcher de se demander : Comment ne plus faire souffrir notre cher vocable? Nous en avons encore tant besoin…

Déshabillez mots tourne sa dernière page. Le rendez-vous pris avec les 26 belles lettres s’achève. Ironie du syllabaire :  jamais à court de vocabulaire, les journalistes semblent s’essoufler et chercher leurs mots au moment des remerciements. Toute bonne obsession textuelle a une fin…

Visuels: (c) Déshabillez-mots

Clémentine Athanasiadis et Moriane Morellec

Chez Maxim’s, Sarah Bernhardt revit sous les traits de Véronique Fourcaud
Dix petits amis déménagent de Mitsumasa Anno
Clementine Athanasiadis

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration