Théâtre
Au Deutsches Theater de Berlin, l’Alexanderplatz sous un ciel blanc mais de plomb

Au Deutsches Theater de Berlin, l’Alexanderplatz sous un ciel blanc mais de plomb

05 January 2018 | PAR Christophe Candoni

Sous des néons crûment blafards de laboratoire, le metteur en scène Sebastian Hartmann examine l’impossible rémission de Franz Biberkopf, antihéros du célèbre roman d’Alfred Döblin, Berlin Alexanderplatz, adapté sur les planches du Deutsches Theater à Berlin.

Dans le grand espace vide et blanc qui s’apparente au décor d’une opération chirurgicale et enveloppe toute la scène berlinoise, suintent l’érotisme triste, la violence sauvage, le vacarme furieux de l’Alexanderplatz qui exhibe ces lettres en caractères gras et noirs tranchants. L’agitation, le tapage urbain se font sentir dans la froideur immaculée du plateau tournant et abstrait, dépourvu de toutes les références pittoresques dont regorge pourtant le livre.

Des images animées, de hurlantes et grouillantes silhouettes d’inspirations expressionnistes défilent à toute allure. Dans le chaos, Franz, ancien ouvrier puis détenu à la prison de Tegel pour avoir accidentellement tué sa jeune fiancée, aspire maladroitement à la renaissance. Désormais libre et hagard, il se promet une nouvelle existence sans tâches. Sa prétention d’honnêteté se verra mise à mal dans la ville démolie et transformée où règnent la misère et l’injustice sociales, le banditisme et la débrouillardise au mépris des lois morales. L’homme finit par s’adonner à la boisson et s’abandonne au dégoût du monde avant de trouver la mort.

Toute la puissance de vie, l’âpreté et la sentimentalité du roman incroyablement palpitant se dissipent dans sa traduction scénique. La mise en scène polyphonique ne manque pas de reliefs et d’aspérités mais s’appesantie sur les situations qu’elle boulevardise au détriment de leur force. Hartmann restitue une somme littéraire ambitieuse et complexe sous un éclairage peu évident, celui du comique appuyé. Le rire hilare est exagérément suscité par la répétition de numéros d’acteurs certes excellents mais un rien cabots. En tête, la vedette Andreas Döhler, souvent vu et apprécié chez Michaël Thalheimer, ne ménage pas ses effets.

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Christophe Candoni
Christophe est né le 10 mai 1986. Lors de ses études de lettres modernes pendant cinq ans à l’Université d’Amiens, il a validé deux mémoires sur le théâtre de Bernard-Marie Koltès et de Paul Claudel. Actuellement, Christophe Candoni s'apprête à présenter un nouveau master dans les études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle (Paris III). Spectateur enthousiaste, curieux et critique, il s’intéresse particulièrement à la mise en scène contemporaine européenne (Warlikowski, Ostermeier…), au théâtre classique et contemporain, au jeu de l’acteur. Il a fait de la musique (pratique le violon) et du théâtre amateur. Ses goûts le portent vers la littérature, l’opéra, et l’Italie.

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