Théâtre
Les marionnettes révèlent les mystères “De la vie secrète des chats”

Les marionnettes révèlent les mystères “De la vie secrète des chats”

21 September 2018 | PAR Mathieu Dochtermann

De la vie secrète des chats est un spectacle de théâtre de papier de la compagnie mexicaine Huellas en Venus, programmés au festival J-365 à Charleville. Fantaisie légère et surréaliste centrée autour de félidés dont la vie rêvée est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît, c’est un spectacle visuellement séduisant, qui tire parfois sur le conte. Très agréable.
[rating=4]

Les chats, ces animaux mystérieux, un peu domestiqués mais encore largement sauvages, ont fait fantasmé des artistes sans nombre, millénaire après millénaire, d’une culture à une autre. Furtifs, nocturnes, l’oeil – parfois – empli d’une intelligence secrète, ne serait-ce pas qu’ils ont accès à un monde invisible, qui ne nous est pas accessible, et dans lequel ils vivent des vies parallèles ?

Tel pourrait être, en substance, le propos de base de ce spectacle, De la vie secrète des chats. Les deux comédiens-manipulateurs, d’abord narrateurs, nous exposent ainsi, dans une sorte de prologue, qu’en des temps immémoriaux, les chats passèrent un accord avec les humains : aux seconds le monde visible, la technique et l’industrie, aux premiers le monde invisible, et du coup fascinant pour nous qui n’y avons pas accès.

Pour narrer quelques-unes de ces histoires qui nous échappent, la compagnie Huellas en Venus met en œuvre une centaine de figures de théâtre de papier, qui permettent, en deux dimensions et sur des supports visuel dont le dessin est d’une rare délicatesse, d’illustrer les péripéties de quelques félins particulièrement choisis. Des historiettes tantôt contées avec une certaine distance, tantôt restituées « en jeu » par des comédiens-personnages affublés de masques. Des histoires toujours fantastiques, aux tonalités douces-amères, qui penchent gentiment du côté du surréalisme : le chat qui a tellement grandi qu’il promène désormais sur son dos la maison de sa maîtresse, le chat volant…

Au service de ces jeux de figures posées sur table, les deux comédiens-manipulateurs s’appuient à plein sur les effets de profondeur rendus possibles par l’intercalage des objets bidimensionnels sur plusieurs plans. Leur manipulation est assurée et précise, mais généralement très calme et ronde, donnant une qualité ouatée aux mouvements qui renforce le côté onirique du spectacle. Malgré la barrière de la langue – ils jouent en espagnol – les deux artistes arrivent à donner une vraie couleur au spectacle avec une interprétation vocale très distinctive.

Il est parfois difficile de faire des allers-retours entre les surtitres et l’action, comme souvent dans ce genre de circonstances, mais cela n’est pas un défaut qu’on peut assigner au spectacle lui-même. Le rythme généralement tempéré fait parfois naître l’envie que l’intensité varie un peu plus, pour secouer les choses.

On a le sentiment que c’est un spectacle qui, dans son écriture, se destine surtout aux enfants, même si les adultes trouveront un plaisir certain dans les très beaux dessins, et dans la malice un peu facétieuse des histoires. A voir, sans risque de déplaisir.

Mise en scène et création musique Mauricio Martinez
Dramaturgie et assistance Gerardo Castillo
Avec Ana Cordelia Aldama et Miguel Angel Morales

Infos pratiques

Galerie Sotheby’s Paris
Caveau Mumm
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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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