Théâtre
[Critique] Oncle Vania de Lacascade au Théâtre du Nord

[Critique] Oncle Vania de Lacascade au Théâtre du Nord

14 April 2014 | PAR Audrey Chaix

Après sa création au TNB à Rennes et un passage remarqué par le Théâtre de la Ville, Lacascade emmène son Oncle Vania dans sa terre natale, à Lille. Dans la salle du Théâtre du Nord, il y a ses amis de longue date, mais aussi ses parents et son mentor, Gilles Defacque. Dans cette production, Lacasade a choisi de mêler à la célèbre pièce de Tchekhov une version antérieure du texte, L’Homme des Bois (1889), pour livrer au public une version entière, pleine de bruit et de fureur. 

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Le décor est épuré, spartiate, presque carcéral. Les tons gris et bruns privent cet Oncle Vania de toute couleur, rendant ainsi plus vains encore les plaidoyers écologiques du médecin qui lutte contre la déforestation – en engloutissant, apparemment, toute la vodka qui lui passe entre les mains. La réunion de famille initiale, qui se passe sur le plateau aussi bien que dans la salle, se passe dans un chaos où chacun des comédiens court, crie, saute sur la balançoire ici devenue une sorte de bar, avec une précision digne d’un mécanisme d’horloge. Il est sûr que Lacascade a l’immense mérite de priver Tcheckhov de tout ennui qui peut parfois guetter les mises en scène de son travail.

Alain D’Haeyer est magistral dans le rôle de Vania, tour à tour attachant et pitoyable. Dans le rôle de Sonia, la nièce de Vania, amoureuse du beau médecin sans espoir de réciprocité, Millaray Lobos Garcia propose un jeu tout en retenue et en subtilité qui dégage une émotion toute fragile. A ses côtés, Ambre Kahan, qui interprète la seconde femme du père de Sonia, se révèle peu à peu alors que la pièce avance, tout d’abord insignifiante, puis de plus en plus belle, et de plus en plus terrible alors qu’ils se déchirent tous pour ses beaux yeux, à commencer par le pauvre Vania avec son bouquet de roses, qui finira éparpillé sur le plateau.

Si Lacascade démontre une fois de plus son sens de l’espace et du corps, qui permettent une occupation de l’espace parfaite dans chaque scène ainsi qu’une grande précision dans la direction d’acteurs, il dilue peut-être un peu trop le propos original d’Oncle Vania en y ajoutant les personnages et des éléments d’intrigue de L’Homme des Bois que Tchekhov avait choisi d’ôter de la seconde pièce. Si l’on comprend la démarche, qui permet de mieux saisir la genèse de Vania, on regrette la longueur finale de la production présentée, qui connaît quelques passages à vide. Il n’en reste pas moins que cet Oncle Vania étonne et envoûte par la vivacité de son premier acte – dommage que le rythme soit moins soutenu par la suite.

Photos : © Brigitte Enguerand

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