Théâtre
<em> C’est mon jour d’indépendance </em> fait monter les larmes au coeur du Théâtre de l’Aire Falguière

C’est mon jour d’indépendance fait monter les larmes au coeur du Théâtre de l’Aire Falguière

23 September 2011 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Il est à Paris une poche de résistance, un Théâtre privé qui se comporte de façon chic, programmation exigeante très loin du boulevard. Un théâtre qui se mérite, de par son emplacement, entre le métro Pernety et Volontaire et par ses choix de programmation : des textes rares pour des comédiens engagés. Bienvenue au Théâtre de l’Aire Falguière pour “C’est mon jour d’indépendance”, jolis mots de Stéphanie Marchais, mis en scène élégamment par Christine Farré et admirablement porté par le talentueux Pierre Carrive.

Il joue Elle. Elle, c’est Angèle, à bout de souffle, à bouts de nerfs. Marre de son fils autiste surnommé “Chut” car il ne dit rien, marre d’avoir perdu son père, marre d’avoir sa (vieille) mère à charge, marre des patients de l’hôpital pour vieux où elle trime. Ça pourrait être larmoyant, c’est sensible. La frontière est ténue. La jolie scénographie place Angèle sur une plage un peu sauvage, sable et branches à l’appui, quelque part dort ou git une vieille dame, ici, un pantin, à laquelle Angèle raconte ses misères. Elle est face à la mer prête à être engloutie. Alors, en attendant que la marée monte, elle lui parle, elle nous parle.

L’idée de ce spectacle est de faire raisonner une parole intime en chacun d’entre nous. Les formules sur l’âme humaine sont belles, on retiendra “le malheur ça fait beaucoup d’eau” ou “Ya pas à dire, la culture c’est une belle invention pour supporter le monde”. Ce personnage est naturellement incarné par Pierre Carrive qui, ici, en robe rouge et brillant à l’oreille ne sonne pas travlo, il est étonnamment juste. Son regard perçant attrape nos yeux et l’émotion nous saisit. Dans une jolie progression, une double histoire horrible se profile, celle d’une euthanasie et celle d’un suicide. Ici, les deux événements, loin d’être condamnables, apparaissent, sans aucun militantisme, beaux. Juste beaux.

Le texte sublime fait d’une vie ratée une œuvre d’art. Une ode aux mots, qu’Angèle partage avec son ami “Robert”, en sachant dire les plus compliqués de son dictionnaire adoré elle peut décrire sa vie et faire le choix raisonné d’arrêter là son bout de chemin. On ne sait pas si Angèle est vivante devant nous, peut-être est-elle déjà morte. Le jeu tout en légèreté maitrisée de Pierre Carrive appuie cette sensation d’entre deux-rives.

Le rythme doux du spectacle est envahi par la musique, bien choisie, celle des vagues, un tango… C’est avec une tendresse infinie que tout se met en place pour faire passer l’impensable. Un tour de force tout en finesse pour un bien joli spectacle.

Pour gagner vos places, c’est ici.

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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