Théâtre
CARNET DE BORD # 3  UN CLOWN A LA MER : UN HOMMAGE A BERNARD MOITESSIER, POETE DU GRAND LARGE

CARNET DE BORD # 3 UN CLOWN A LA MER : UN HOMMAGE A BERNARD MOITESSIER, POETE DU GRAND LARGE

14 November 2018 | PAR La Rédaction

Coloris Vitalis et Un Clown à la mer sont deux entrées clownesques de 45 minutes environ chacune. Ecrites par Catherine Lefeuvre et interprétées par le clown Gramblanc de Jean Lambert-wild, elles seront présentées dans la même soirée à l’occasion de leurs créations respectives les 15 et 16 novembre 2018 au Théâtre de l’Union –Centre Dramatique National du Limousin à Limoges.

Par Catherine Lefeuvre & Jean Lambert-wild

« Le destin bat les cartes mais c’est nous qui jouons. » Bernard Moitessier

 

Un Clown à la mer a pour point de départ et de loin en loin, l’histoire du navigateur Bernard Moitessier (1925 – 1994), qui a subjugué le monde entier lorsque qu’il fit cap à l’Est au lieu de remonter vers l’Europe après son passage du Horn, renonçant ainsi à franchir la ligne d’arrivée alors qu’il était annoncé vainqueur de la première Golden Globe Challenge en 1968.  Ce premier tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance, par les trois cap, s’appellera “la Longue Route” en référence au livre écrit par Bernard Moitessier qui racontera cette aventure avec acuité et passion. A la surprise générale, il décidera donc de prolonger sa longue route, d’un demi tour du monde supplémentaire, en repassant, après le Cap Horn, à nouveau par le Cap Bonne Espérance, direction le Pacifique.

Son périple solitaire sur son bateau Joshua durera près de 10 mois, un exploit totalement inédit à l’époque : il pulvérisera ainsi le record de la plus longue traversée en solitaire sans escale et sans assistance avec quelques 37 455 milles parcourus, soit 69 367 kilomètres. Mais ce qui marqua aussi les esprits, et qui fut repris dans les journaux du monde entier, c’est qu’il renonça à gagner la course et à rentrer en Europe car, dira-t-il, alors :…je continue sans escale vers les îles du Pacifique parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme.» 

« Sauver son âme » : il n’en fallait pas plus à Gramblanc, marin lui-même dans une autre vie, pour prendre à son propre compte cette injonction existentielle et se laisser griser par l’appel du large. Cette évocation de la navigation solitaire en haute mer dans Un Clown à la mer est un hommage aux circumnavigateurs, aventuriers des temps modernes, qui choisissent de vivre une aventure humaine hors norme, un dépassement de soi et une expérience des limites, que le poète et marin d’exception qu’est Bernard Moitessier a si bien su raconter et décrire dans ses écrits publiés aux éditions Arthaud, comme Vagabond des mers du sud (1960), La Longue Route (1971) ou encore Cap Horn à la voile (1995). Ses enseignements et ses livres ont contribué à susciter de nombreuses vocations maritimes. Ils ont marqué l’histoire de la plaisance et des courses au large.

En dehors de ce parcours hors norme de navigateur des mers du monde, Bernard Moitessier consacrera aussi une partie de sa vie à la défense de la cause écologique et en particulier à l’autosuffisance alimentaire dans les atolls polynésiens. Il sera aussi à l’origine d’un projet de plantations d’arbres fruitiers dans les communes de France dans les années quatre-vingts. La famille de dodos d’un Clown à la mer, qui est le symbole même de la disparition des espèces due à la main de l’homme, est aussi là comme un écho à cette préoccupation que Bernard Moitessier a eu de ces questions politiques, qui sont aujourd’hui d’une très brûlante actualité.

Aujourd’hui, Bernard Moitessier repose en terre dans un petit village du golfe du Morbihan, au Bono. Sa tombe évoque tout l’exotisme et la fantaisie de sa vie : palmier, galets, objets marins et dessin de la longue route reproduit sur une pierre de schiste délimitent ce coin de cimetière pas comme les autres, qui reçoit régulièrement la visite et les offrandes des marins de passage qui viennent lui rendre hommage ou de tous ceux qui veulent sauver leur âme.

Visuels : ©Jean Lambert-wild

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