Théâtre
CARNET DE BORD # 2   GRAMBLANC ET LA POLYMORPHIE DE L’AUGUSTE

CARNET DE BORD # 2 GRAMBLANC ET LA POLYMORPHIE DE L’AUGUSTE

12 November 2018 | PAR La Rédaction

Coloris Vitalis et Un Clown à la mer sont deux entrées clownesques de 45 minutes environ chacune. Ecrites par Catherine Lefeuvre et interprétées par le clown Gramblanc de Jean Lambert-wild, elles seront présentées dans la même soirée à l’occasion de leurs créations respectives les 15 et 16 novembre 2018 au Théâtre de l’Union –Centre Dramatique National du Limousin à Limoges.

Par Catherine Lefeuvre & Jean Lambert-wild

Dans Coloris Vitalis et dans Un Clown à la mer, Gramblanc prend la parole seul en scène créant une situation iconoclaste car le clown blanc ne peut normalement pas, dans la dynamique de l’entrée clownesque, se passer de l’auguste dont il est devenu le faire-valoir.

La relation du clown blanc à l’auguste réside dans le fait notamment que ce dernier est mis en valeur, mis en avant par la présence du clown blanc. Le clown blanc est donc son révélateur, il contribue à porter le regard du public et son attention vers l’auguste. Gramblanc reprend ce principe de faire valoir à son compte mais d’une autre façon. Car même si l’auguste n’est pas là en tant que tel, Gramblanc peut toujours par sa parole et ses actions attirer notre attention et orienter notre regard et notre réflexion vers des augustes plus imaginaires, plus conceptuels, réalistes ou métaphoriques.

L’auguste est l ‘élément perturbateur qui amène du chaos, de l’inattendu, de l’irrationnel dans la vie bien ordonnée et bien sérieuse du clown blanc. Dans Coloris Vitalis et de Un Clown à la mer, Gramblanc est aux prises avec des augustes de substitutions. Ils peuvent être allégoriques. C’est la couleur dans Coloris Vitalis qui l’exalte en même temps qu’elle le rend malade. C’est la quête d’absolue avec l’appel du grand large dans Un Clown à la mer qui le conduit à vivre l’expérience des hautes latitudes maritimes. Ce sont parfois des augustes malgré eux, pris à partie, comme un spectateur ou le régisseur du spectacle, ou bien encore des personnage hors scène ou imaginaires (par exemple le radio-émetteur ou la famille dodo dans Un Clown à la Mer). Enfin, c’est parfois lui-même qui, pris dans le miroir déformant et facétieux de sa propre complexité, devient auguste.

Enfin, Gramblanc est en quelque sorte un clown blanc un peu perdu dans notre monde aujourd’hui envahi par les augustes. Une société qui fait du moindre événement médiatique un spectacle, qui donne l’impression d’une mise en scène perpétuelle de la vie politique et sociale, nous empêche de nous approprier réellement les enjeux de notre époque. Nous sommes gouvernés par des augustes qui font le show pour nous divertir, nous endormir et nous détourner de l’essentiel. Le clown blanc peut apparaître alors comme un empêcheur de tourner en rond, comme celui qui veut redonner du sens à tout ceci, comme un poète perdu dans un monde désespérant qui s’émeut et se bat pour vivre sa vie, comme celui qui est touché par le monde dans lequel il vit mais qui refuse d’en être le faire-valoir idéologique ou médiatique.

Catherine Lefeuvre & Jean Lambert-wild

Visuel : ©Tristan Jeanne-Valès

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