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Avignon Off : Philippe Person monte “La Mouette” et ressuscite Tchekhov

Avignon Off : Philippe Person monte “La Mouette” et ressuscite Tchekhov

16 July 2018 | PAR David Rofé-Sarfati

Après le succès de Une maison de poupée, la Compagnie de Philippe Person présente en Avignon au Théâtre du Balcon pour le OFF 2018 La Mouette adaptée et mise en scène par Philippe Person.  

Philippe Person est un hyper actif. Il est dramaturge, metteur en scène, comédien. Il a dirigé le Théâtre du Lucernaire de 2009 à 2015. Après avoir travaillé sous la direction de Philippe Honoré, Stéphane Auvray-Nauroy, Catherine Beau, il crée la Compagnie Philippe Person. Après trois créations originales, il alterne le travail sur les classiques, sur les auteurs contemporains et sur les adaptations d’œuvres littéraires au théâtre, avec son compère de toujours Philippe Honoré. Il met en scène tous les spectacles de la compagnie. La compagnie Philippe Person est régulièrement présente au festival d’Avignon. Après l’immense succès cette saison de Une maison de poupée d’Ibsen, puis Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare au Lucernaire, il monte La Mouette de Tchekhov, adaptée en 1h20 pour 5 acteurs.

Son adaptation est bâtie autour de Treplev – Nina, et Arkadina – Trigorine. Un cinquième personnage mélange presque tous les autres personnages,  essentiellement Dorn et Sorine. Ce personnage hybride finit de structurer la pièce qui devient plus forte et plus puissante pour délivrer le message de Tchekhov.

La Mouette raconte des personnages qui se débattent avec leurs rêves, leurs désirs et leur incapacité à les réaliser, se confrontant à leurs limites et leurs faiblesses. Tous sont épris d’art et d’absolu, mais, comme tout être humain, tous font des petits arrangements avec eux-mêmes. Jamais nous n’avions autant ressenti le désespoir de ces êtres égoïstes et seuls, luttant sans vigueur contre le silence des empathies et la déréliction du lien raté aux autres. La scénographie faussement hors temps, l’esthétisme aiguisé des tableaux et le jeu admirable des comédiens soutiennent le propos qui s’enfonce dans nos esprits captivés. Des puits de lumière inventent la solitude tandis que la musique de Janis Joplin enfonce ce clou. Florence Le Corre, immense comédienne si juste, joue une Nina flamboyante au milieu des feuilles d’automne. Philippe Person incarne un Trigorine énigmatique et si proche de nous. Mickaël Délis un Treplev artiste blessé tandis que Sylvie Van Cleven en invente la mère fantasque, truculente et désespérée. Les quatre comédiens fondent le succès de la pièce car ils en soutiennent la structure en même temps qu’ils en sont le ferment.

Et puis, il y a ce personnage pluriel joué magnifiquement par Pascal Thoreau au faîte de son talent. Alors que les quatre personnages luttent mollement contre le ratage des relations humaines, ce personnage parvient à créer sans cesse du lien, à inscrire le trait optimiste dans ce bel objet littéraire et théâtral. Il est Anton Tchekhov lui même, ressuscité ici par Philippe Person.

La pièce à ne pas rater donne à comprendre et à ressentir La Mouette de Tchekhov.

La Mouette de Tchekhov, adaptation et mise en scène de Philippe Person à 12h10, durée 1h20
THEATRE DU BALCON

Crédit Photos © Céline Zug

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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