Théâtre
[AVIGNON OFF] (F)aune au Grenier à Sel

[AVIGNON OFF] (F)aune au Grenier à Sel

13 July 2016 | PAR Maïlys Celeux-Lanval

Gare à vous : du 6 au 27 juillet 2016, un dangereux prédateur traîne au nord d’Avignon, immense ours gris aux pattes lourdes. Caché à l’intérieur de ce spectaculaire costume d’ours, le danseur et chorégraphe David Drouard propose un solo absolument atypique, émerveillant le public tout en répandant des poils, de la sueur et de la bave sur la scène du Grenier à Sel. Répugnante, merveilleuse, étrange : cette performance unique en son genre est remarquable à bien des égards.

Inutile de parler de la sueur aux festivaliers : à Avignon, tout le monde transpire, surtout les comédiens. Il n’est pas rare de voir le nez d’un Roméo goûter dans le décolleté d’une Juliette, elle-même aussi brillante qu’un poisson mouillé. Mais l’idée de jouer avec la sueur, image dégoûtante entre toutes, est difficilement imaginable… David Drouard, avec une puissance physique hors du commun, réalise pourtant cet exploit, qui n’est qu’un des aspects ultra-bizarres de sa performance (F)aune.

Tout commence à l’intérieur du costume d’un ours – qui est, soit dit en passant, peut-être le plus grandiose que nous ayons vu depuis fort longtemps –, immense chose qui tiendrait debout toute seule si personne ne se cachait à l’intérieur. Ce costume pesant oblige l’artiste à des mouvements lourds et lents, aveugles. L’ours erre sur la scène, va d’un coin à l’autre, et fait voler ses poils au moindre geste. Sur un air évoquant lointainement L’Après-midi d’un faune de Claude Debussy se dévoile petit à petit un désespoir animal, perdu au milieu d’un monde trop humain. Mais c’est déjà trop imaginer que de dire ça, car la performance de (F)aune est avant tout formelle, bien qu’on soit tenté d’y voir des tas de métaphores.

Cette figure d’ours sur une scène de théâtre, pénétrée d’une musique électronique effroyable, se termine par l’écroulement de la grosse bête. Puis, petit à petit, le costume accouche d’un corps d’homme. Nu comme un ver, trempé de sueur, David Drouard glisse sur le sol, avance comme un cheval, la tête baissée au point qu’elle disparaît dans l’ombre et que le corps ne semble plus être que bras et jambes marchant au hasard. On frissonne… Puis, étourdi de chaleur, le corps hérissé des poils laissés sur la scène, le danseur devient fou, s’attaque au costume, porte sa tête, enfile sa patte, tourne et court, sans but.

Les images de ce (F)aune sont pétrifiantes. On ne sait trop si l’on doit hurler ou se laisser séduire… Une pure anomalie. Un monstre. On reste bouche bée.

Du 6 au 27 juillet à 16h15, relâche les 12, 18 juillet. Réservez en ligne ou au 04 90 27 09 11.

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