Théâtre
13/11 d’Ambroise Sabbagh, à mi-chemin entre le théâtre et le témoignage

13/11 d’Ambroise Sabbagh, à mi-chemin entre le théâtre et le témoignage

02 December 2016 | PAR Elie Petit

13/11 parle d’une nuit et de son après. Celle qui, l’an dernier, a changé l’état d’esprit de beaucoup de français, et de tous les parisiens. Nous étions des millions tout autour, à la fois loins et à la fois proches. Ils sont quatre, sur scène, à raconter leur 13 novembre de jeunes parisiens et les reflexions et émotions qui y ont fait suite.

Au théâtre de la Loge, ce n’est pas n’importe quelle création qui se joue ces jours-ci. “13/11” est une pièce sur la réalité d’en face, de toute en face. Car en face, c’est la Belle Equipe, terrasse assassinée le 13 novembre de l’an dernier. Il y a les victimes, il y a les témoins. Et il y a tous les parisiens. Ambroise Sabbagh, dans 13/11, met en scène quatre témoignages de parisiens, ce soir-là, et après.

Tout commence dans un brouillard qui se répand même dans l’entrée du théâtre. Dans la salle, une musique de club, Fade de Kanye West et quelques corps dansants dans l’ombre pendant que les spectateurs se placent sur les bancs hauts de la Loge. Certains dans le public hésitent à danser tant le beat est entrainant. Quelques épaules s’y essayent. Mais ce n’est vraisemblablement pas l’ambiance de la suite.

Un projecteur fixe éclaire le centre de la scène. Chacun s’y avancera à tour de rôle, assis, debout accroupi, lisant son récit. Nacima Bekhtaoui travaillait dans un restaurant du 11ème. Sigrid Bouaziz s’apprêtait à jouer dans un Personnal Shopper d’Assayas, Bachir Tlili travaillait également et Zita Hanrot jouait en Normandie. Des distances diverses des attentats et cette même émotion. Ils diront leur vraie histoire, la petite histoire de la grande, collective, assassine.

Plusieurs réflexions se succèdent, sur la représentation des minorités dans la société française, sur la légitimité du témoignage, sur l’argent, sur l’amour. Sur ces crimes. Et sur nous. Les français, les parisiens. Une part de nous s’exprime. Leur témoignage est le nôtre et vice-versa.

Le texte est parfois hésitant, la mise en scène brute, quasi-nue mais qu’importe. Ou tant mieux même. Le public rejoint plus encore la scène, sans bouger. Sauf pour s’exprimer, de manière incontrôlée pour préciser le mot d’un acteur. Il est aussi là, le théâtre.

Alors, 13/11 est à la frontière du théâtre et du témoignage. Un besoin, une forme, une proposition artistique nécéssaire pour répondre à l’horreur d’en face et se retrouver, un an après.

13/11 d’Ambroise Sabbagh au Théâtre de la Loge – Du 29 novembre au 2 décembre à 19H00
Avec Nacima Bekhtaoui, Sigrid Bouaziz, Bachir Tlili, Zita Hanrot

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