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Thomas RANNOU : “Le Son n°9. C’est la déclinaison textuelle d’un tourment musicien”

Thomas RANNOU : “Le Son n°9. C’est la déclinaison textuelle d’un tourment musicien”

27 November 2017 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Le Son n°9“, de Thomas Rannou  sera créé à La Pop les 1er, 2 et 3 décembre. L’occasion, à quelques jours de la première de l’interroger sur son rapport très organique au son. 

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Qu’allez vous présenter à la Pop ?
Le Son n°9. C’est la déclinaison textuelle d’un tourment musicien. C’est un texte ou s’entrecroisent différentes adresses, différentes tonalités avec aussi du poème, du texte chanté, des sonorités. Une composition que j’ai soumise aux commissions d’écriture du CNT (Artcena) et de la fondation Beaumarchais-Sacd qui ont décidé de soutenir ce projet vers sa version scénique. Je suis musicien, compositeur mais l’écriture pour moi a toujours été intégré dans mon questionnement sur le son. Ici, ce n’est pas tant que je parle de ou de la musique, c’est plutôt l’envie ou une tentative de parler la musique. C’est à dire d’utiliser mes codes de composition, mes pensées, mon lexique, pour faire musique avec aussi et surtout des mots.

Vous allez, je crois, dialoguer avec un tourne-disque, à un moment où le vinyle est à la mode?
Quel est votre rapport avec cet objet ?
Je ne suis pas à proprement parlé un adorateur du vinyle. En revanche, oui, c’est un objet qui persiste aujourd’hui à incarner un certain rapport au son et à la musique. Comme s’il n’était pas si évident d’appréhender le son par le biais de sa seule présence dématérialisée. Ça, ça m’intéresse. L’objet. Il y a pas mal de notions.. verticalité et horizontalité, bruit, résistance, poids, matière, boucle, durée… Alexia Monduit, qui m’a aidé à travailler ce projet, faisait la remarque que jouer un disque c’est jouer une musique en l’amorçant de façon obligée par un geste de délicatesse. C’est une belle et pertinente remarque. Nous avons toutes les raisons aujourd’hui de nous questionner sur le rapport à l’objet, je pense au smartphone bien sûr en particulier, le « dialogue d’un homme seul avec son tourne-disque » était une entrée pour moi, une façon un peu décalée mais qui me permettait d’être dans le vif de cette question.

Vous vous passionnez pour les origines du son, pourquoi ?
Parce que les sources et les destinations d’un son, comme celle d’un missile…, d’un coup de poing ou d’une parole simplement, dessinent l’architecture d’un monde, pour le dire simplement. J’ai du mal à prendre la musique comme un fait, une construction finie. Je suis passionné, oui, par l’avant et
l’après, tout comme le pendant, qu’est-ce qui se passe pendant la musique, comment passe-t-elle et
qu’est-ce qui se passe autour .. ?

Comment pensez-vous la relation entre les mots et les sons ?
Gen Paul, peintre typique Montmartrois (et personnalité controversée par ailleurs), ami de Céline,
quand on lui demandait comment il avait appris l’argot répondait qu’il ne l’avait pas appris.. ! qu’il le
parlait c’est tout!
Je veux dire par là que je ne suis pas sûr de penser cette relation – elle est fascinante parce que c’est collé ! Bien sûr, j’aime découvrir cette plastique de la relation comme dans le rap autant que chez Aperghis, Gainsbourg, à l’opéra.. le discours politique aussi pour prendre un autre exemple, ou toute la littérature où le son est là mais… le son et les mots, c’est un deal, constant, pour chacun. Dans le Son n°9, je cherche à frotter des réalités – à ce niveau-là – plus qu’à les harmoniser.

Avez-vous l’habitude de travailler les mots à la façon d’un comédien ?
Pas du tout. Encore que j’ai travaillé beaucoup avec des comédiens mais je suis souvent resté spectateur de leurs efforts et je gardais une ligne à moi. J’ai écrit et fait du rap, puis avec moins de
mots j’ai juste chanté, mais dans une conception plus rythmique et poétique que mélodique. Dire un
texte est pour moi comparable au travail d’une partition sonore. …et j’aime beaucoup aussi le travail
au micro, que je ne considère pas du tout comme un canal d’amplification mais comme un instrument de plastique sonore.

D’ailleurs, comment vous considérez vous ? 
Je suis musicien. Un musicien qui parle.

Infos pratiques

Carré Saint-Anne
Palais des Congrès d’Issy-les-Moulineaux
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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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