Performance
Les trop rares nuances de gris de Philipp Gehmacher au Kunstenfestivaldesarts

Les trop rares nuances de gris de Philipp Gehmacher au Kunstenfestivaldesarts

11 May 2018 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Au Kunstenfestivaldesarts, Philipp Gehmacher s’offre le deuxième étage du WIELS pour My shapes, your words, their grey.

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Sur le programme il est écrit : “Pourquoi parler une langue que vous seul(e) maîtrisez ? Depuis le début de son parcours, le chorégraphe et plasticien Philipp Gehmacher est hanté par l’idée d’une (im)possible forme de communication universelle”. Au moins, on peut saluer l’honnêteté du performer qui assume ses actes. Le plus gros point noir de ce spectacle sur le gris est qu’il est très verbeux, en anglais non sous-titré. Cet acte, prétentieux, excluant et méprisant vient questionner  la notion d’accueil des spectateurs. Bien sûr, “tout le monde” parle anglais, mais pas de façon bilingue, et qui sait, il n’y a aucune assurance que “tout le monde” comprenne.

Pour l’instant, le public est confronté à des œuvres monochromes. Des aplats de gris de différentes tailles et textures. Il se promène dans les salles et visionne les vidéos où l’on voit Gehmacher remplir l’espace de ses cadres. Bientôt, Gérald Kurdian s’installe derrière son piano numérique. Philipp Gehmacher, compagnon de route de Meg Stuart, entre en scène, il campe son titre : ses formes, nos mots, leurs gris.

Très vite on se lasse face à une réflexion déjà menée sur le sens des couleurs. L’idée est pourtant belle : se confondre avec l’oeuvre, sur le fond et la forme. L’idée est même drôle puisque la couleur choisie est la plus neutre possible. Un temps est passé d’ailleurs à se demander si le gris est une couleur. Mais le ton, parfois agressif de l’artiste autrichien et la sensation d’écrasement étouffe. Le gris a beau se parer d’un beau rouge, cela ne suffit pas à nous convaincre. A trop vouloir dire, les mots se vident. Cette performance est le miroir inverse de celle de Sarah Vanhee qui travaille l’invisible avec un humour fin et féroce.

Visuel : Philipp Gehmacher – My shapes, your words, their grey © Dieter Hartwig.jpg

Jusqu’au 13 mai Wiels, Avenue Van Volxem 354
1190 Bruxelles

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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