Performance
Les “Positions” d’Ivana Müller

Les “Positions” d’Ivana Müller

13 February 2014 | PAR Camille Lucile Clerchon

Positions, d’Ivana Müller est proposé dans le cadre de la programmation foisonnante du festival Ardanthé, et dans le cadre d’Hors Saison, le rendez vous danse d’Arcadi Ile de France.

Cette pièce pour 4 performers et 8 invités se développe à partir d’un concept simple et ludique : les personnages, les situations et les actions se construisent par le moyen de pancartes entre les mains des interprètes. Ces pancartes constituent un capital composite dont chacun est doté de manière plus ou moins généreuse ; ce capital est circulant, il peut être l’objet de transactions selon diverses modalités.

On ne voudrait pas avoir l’air de paraphraser Pierre Bourdieu, néanmoins Ivana Müller crée, en réunissant 12 interprètes sur le plateau, un micro champ social au sein duquel chacun occupe une position donnée, déterminée par sa dotation en capital-pancarte.
Pendant la grosse heure que dure la pièce, ce qui est en jeu, c’est la dynamique du champ figurée par la circulation des pancartes, et les changements de position de chacun au sein de ce champ.

Ainsi le spectateur est amené à questionner ses propres représentations telles qu’elles surgissent lors de l’énumération des pancartes, énumération qui esquisse des portraits et ébauche des récits.
Comment se représente t’on celui qui a la « nationalité française », trois « amis » et un « petit bateau » par rapport à celui qui a du « temps » et du « courage ».
Les typologies qui surgissent font sourire lorsque se confrontent ceux qui ont « des lunettes », une « vision » « une carrière » et du « désir » à ceux qui n’ont pas tout cela mais « un jardin », du « temps » et de « l’herbe maison ».
D’échanges en transactions se met en place une petite mécanique ingénieuse qui reconfigure perpétuellement l’état des choses et des gens. Une mécanique qui fait exister un véritable corps social dynamique où chacun a une « fonction » et où tout est mis en mouvement par les interactions.

Au bout d’un certain temps, cela tourne un peu à vide, malgré les déclinaisons multiples de l’idée centrale de la pièce. Les images, politiques ou poétiques, peinent à surgir.
Il faut dire que le spectacle se construit sur une véritable économie des moyens spectaculaires. Sur 12 interprètes, 4 sont des professionnels, et 8 sont des amateurs invités, le plateau est nu, l’élément unique de décor est une chaise, les lumières sont frugales. Pourtant, loin de gagner en radicalité par ces choix, la pièce semble compenser cette ascèse en cataloguant les nombreuses possibilités qu’offre le traitement proposé basé sur la circulation de pancartes.
On finit par se lasser.
Pourquoi?
Peut être parce que la question, fondamentale, de la force motrice semble éludée.

Camille Lucile Clerchon

Visuel : (c)DR.

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