Freeze ! Ou comment animer la pierre

Dans le cadre de Paris, quartier d’été, la performance Freeze ! au nom énigmatique se déroule encore les 8 et 9 août au parc André Citroën. La scène, l’orangerie du parc, devient le lieu d’un empilage en apparence chaotique de pierres les unes sur les autres. A priori incongrue, la performance vaut réellement le détour et surprend ! Si la réservation par le site est close pour les deux derniers jours, on conseillera de se rendre sur place pour bénéficier d’une vraie bonne surprise de l’été.

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Mettre en scène les pierres
Le jeune néerlandais d’une trentaine d’années, Nick Steur, propose une étonnante mise en scène. Les spectateurs sont invités à participer. En entrant, ils doivent amener une pierre. Celle qu’ils trouvent. Lui n’accueille pas, il ne parle pas, il écrit à l’aide d’un stylo fluo vert en anglais sur ce qui doit être dans les trois quart d’heure qui doivent suivre. Que nous dit-il ? La pierre est son objet favori, elle va évoluer dans ce lieu ouvert, proche des fontaines ; il faut regarder. Il demande aux participants de poser en cercle leur don, la pierre, autour de quelques présentoirs – miroirs. On comprend d’emblée que le rythme sera très lent, que les blocs plus ou moins grands seront au centre et qu’il n’y aura pas de fioriture développant un quelconque propos engagé ou philosophique.
Nick Steur va alors agencer les pierres les unes par rapport aux autres, non pas de manière prévue, mais avec le matériau qu’on lui propose. Il tend la main au hasard, concentré sur les cailloux. Toutes les pierres reçues seront utilisées. L’objectif, les empiler en jouant sur les faces, les entailles, les contrepoids ou aspérités qu’elles forment les unes par rapport aux autres. L’enjeu paraît minimaliste. Pourtant, la mise en scène fonctionne rapidement : parfois, il écrit pour que les matériaux restants soient déposés plus loin ou près d’un autre présentoir. On se concentre sur le jeune homme, comédien et non plasticien de formation, qui s’échine calmement à trouver le bon agencement pour faire tenir des volumes et formes qui n’ont rien a priori pour se convenir. Le résultat, des statues hiératiques formées à partir de matériaux disparates, aux lignes verticales et de plus en plus imposantes et complexes alors que la performance avance.

Une performance contemplative
Là où le dispositif fonctionne le mieux est qu’il impose un rythme très lent et apaisant. Les participants étant accueillis d’emblée en silence dans la bulle de verre sont amenés à entrer dans cette mise en scène. Poser les pierres au bon endroit, fixer le performer lui-même quasiment inexpressif (si ce n’est quelques mouvements de lèvres en guise d’extériorisation de sa réflexion), voir son geste précis, ses tâtonnements pour créer de l’équilibre, se déplacer entre les formes érigées, se mettre en cercle et attendre : tout est fait pour que la contemplation soit partagée. Rien de pompeux, rien de trompeur ou de morne. Juste les pierres amenées à constituer des ensembles homogènes bien que complexes. L’assistance est captivée et étonnée à la fois. La simplicité revendiquée ne fait qu’accentuer la réussite du dispositif. Aux temps des corporations, les tailleurs de pierre étaient réputés « faire respirer la pierre ». C’est ce que réalise Nick Steur sans la contrainte du burin.

Le procédé minimaliste fonctionne complètement et on conseillera vivement de s’y rendre ou de consulter le site internet de ce si original performer – plasticien.

Informations pratiques :
Freeze ! Performance , Dans le cadre de Paris, quartier d’été, Les 8 (13h – 16h – 19h) et 9 août (13h – 17h) à l’orangerie du parc André Citroën, Parc André Citroën , 75015, Paris Gratuit. Important : réservation théoriquement close, mais possible de venir sur place