Performance
[Festival Exit] Inferno à la Maison des Arts de Créteil

[Festival Exit] Inferno à la Maison des Arts de Créteil

06 April 2015 | PAR Simon Théodore

Du 26 mars au 5 avril se déroulait, à la Maison des Arts de Créteil, le festival Exit. À cette occasion, nous avons assisté à l’une des trois représentations de la performance, Inferno, de Bill Vorn et Louis-Philippe Demers. Depuis une quinzaine d’années, les deux artistes chercheurs réfléchissent sur le rôle et l’impact de la technologie cybernétique sur notre environnement. Interrogeant ici les conséquences sur le social, ce spectacle artistique est influencé par les différents imaginaires infernaux, de Dante au Singapourien Haw Par Villa.

La performance avait lieu dans la grande salle de la Maison des Arts. Installés à leurs consoles de son et lumière, les deux artistes attendent patiemment que la petite trentaine de participants soit équipée d’exosquelettes. L’ambiance se veut brumeuse. Un fond sonore bruitiste et industriel fait patienter les spectateurs à l’extérieur de la zone de performance délimitée par une bande blanche. Alors que les derniers réglages sont effectués, la tension monte et le volume augmente. Les cobayes attendent et nous nous retrouvons face à une véritable armée, évoquant des films de science fictions comme Matrix.

Tout à coup, la salle est plongée dans le noir et les premières détonations résonnent. Les flashs, le son agressent nos sens. Les membres supérieurs de ces humains, coincés dans une structure robotique, se meuvent de manière saccadée. Sous les impulsions rythmiques, des ordres sont envoyés aux structures métalliques. Les sujets n’ont d’autres choix que de subir les contraintes de la machine. L’ambiance, apocalyptique et totalitaire, se transforme progressivement en fête. Certains, plus timides, subissent tandis que d’autres, à travers cette forme de masochisme cybernétique, prennent plaisir et laissent leurs jambes vibrer au rythme de la musique électronique, devenue mélodique. Le climat est presque festif. Chacun appréhende la musique selon ses désirs. Alors que les premiers spectateurs quittent la salle et que les plus jeunes vacillent sous ces agressions sensorielles, le chaos reprend sa place et la performance s’arrête. Elle aura duré une heure.

Ces passionnés d’électroniques interrogent, à travers ces représentations de l’enfer, notre rapport avec le cyber. L’enfer, tout du moins ce que reflète cet imaginaire, n’était que peu perceptible pour le profane. Plus intéressante était cette idée de contrainte dans nos liens entretenus avec la machine. Subissant les instructions mécaniques, les participants restaient libres dans leurs déplacements. Alors que l’impression d’être en boîte de nuit a parfois dominé, les interactions sociales semblent avoir été annihilées. Nombres d’interrogations subsistent à la fin de cette performance : Où était l’enfer ? Pourquoi associer les robots à la musique électronique ? Pourquoi mettre de la musique ? Alors que les représentations de l’enfer sont diverses, cette performance peut-elle avoir une dimension universelle ? Il restera, néanmoins, cette étrange sensation que l’approche cybernétique des rapports sociaux ne relèvent plus d’une hypothétique dimension futuriste…

Visuels : (c) Simon Théodore / DR

[Critique] L’Eclipse de Michalangelo Antonioni arrive à l’écran en version restaurée le 15 avril
L’interview stroboscopique : Ballast
Simon Théodore

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration