Performance
[Festival d’Avignon] “XS”, la performance se met à table

[Festival d’Avignon] “XS”, la performance se met à table

24 July 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

En voici une très belle idée à pérenniser. Pensée comme une extension des Sujets à Vifs, les SACD françaises et Belges avec le Festival d’Avignon et le très contemporain Théâtre National de Bruxelles offrent jusqu’à demain 11h un express de perf’ nommées XS car il s’agit de formes courtes.  Le temps en une heure de découvrir sept artistes à suivre, rien que ça.

Si l’on doit tisser un fil entre Frozen, Saison 1/Episode 01 et La Course, ce sera un objet, et cet objet sera la table. Hasard des folies de mises en scènes qui ont circulé dans les cerveaux magnifiquement malades de Sophie Linsmaux, Aurelio Mergola, Florence Minder, Alice Hebborn, Sarah Hebborn, Valentin Périlleux et Michel Villée, les trois mini-spectacles comportent tous une table. Il faut dire qu’il faut bien s’assoir ici pour entrer dans ces trois actes à faire pâlir la programmation de l’Étrange Cargo de la Ménagerie de Verre pourtant leader en matière de découvreurs de bonheurs d’avant-garde bien pointus.

La comparaison entre les trois pourraient s’arrêter-là. Mais l’autre fil, et celui là est peut -être une autre définition de la performance, est la surprise. A chaque fois, l’image fait geste.

Avec Frozen, Sophie Linsmaux et Aurélio Mergola retrouvent leur cantine pour faire battre à quatre mains un cœur qui se trouvera dans ce monde aseptisé, objet d’errance, de pulsions et de folie. Florence Minder, elle, passe par une veste à paillettes dont Yves Noel Genod rêverait pour nous expliquer que la fiction n’est pas réelle. La vie est un roman parait-il et elle nous embobine avec un talent monstre en nous faisant avaler aussi bien un partenariat avec les Frères Coen qu’un viol dans la jungle. La Course de Alice Hebborn, Sarah Hebborn, Valentin Périlleux et Michel Villée sera elle un bijou poétique où le dessin se créera en direct pour nous voir tous être scotchés par deux petits coureurs cyclistes en plomb.
Les trois sont des capteurs de sociétés. Les trois nous entraînent dans nos failles et nos fragilités. Ils charrient des images milles fois avalée et vomis : le tour de France, les CROUS, un bureau. Dans ces lieux du quotidien l’image opère d’abord pour ensuite (parfois devrait-on dire) faire entendre un texte qui a chaque fois déraille. Tiago Rodrigues nous le disait récemment “Nous ne voulons pas tomber dans la tradition du faire semblant et du faire croire comme si c’était là la mission du théâtre”. Ce que prouve le tout nouveau programme XS et ce que le milieu habitué de la performance a depuis longtemps compris, c’est que le figuratif est mort. Ici, tout n’est que sens pris dans des lapsus et dans des failles. On croit, on se fait une idées et eux viennent la piétiner. On sort de là grandit avec le vœux pieu qu’Avignon aille de plus en plus dans cette direction.

Visuel : ©ABN

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